9. Renault Magnum – Montélimar (26) – Éoliennes sur la Bégude :
« C’était au sud de Montélimar, sur le parking d’un routier. Il devait être 3 heures et les ombres sur le sol dessinaient de grandes formes noires. Nous avons commencé par faire le tour du bâtiment avant de traîner, portes ouvertes, en regardant au loin, sur les montagnes de la Bégude, la masse énorme des éoliennes.
La maison était recouverte, comme partout ici, d’un crépi rose saumon et deux palmiers, dans des bacs poussiéreux, prenaient le vent. Il n’y avait que trois camions garés là, au-dessus d’un terrain vague où traînaient une caravane, une niche vide et un canapé défoncé. Comme je marchais dans les hautes herbes qui y menaient, de gros lézards que j’espérai ne pas être des serpents filaient devant moi.
Un homme assez jeune est sorti d’un des camions. Dans la cabine de son Renault Magnum, une petite peluche rose pendait comme un souvenir d’enfance. On imagine mal la place qu’il y a dans ces engins, et le confort aussi : lit, télévision, lecteur DVD, de quoi ranger quelques affaires. C’est en réalité le minimum au regard du temps que le chauffeur y passe. Son nom était marqué sur une plaque d’immatriculation posée sur le tableau de bord. À son accent, j’ai su qu’il venait du Nord, et cela faisait entre nous un point commun dans ce pays où quiconque vivant au nord de Lyon est presque un étranger. Romain était arrivé la veille, fumait des clopes le jour, prenait sa douche le soir, parlait un peu avec les autres quand il fallait prendre place autour la grande table du dîner et attendait le lundi, deux jours plus tard, pour livrer son chargement. Il évitait aussi un établissement plus que douteux à quelques centaines de mètres derrière le rond-point qui redonne sur la 7 ; une réputation se fait ici aussi vite qu’ailleurs et, malgré ses cinq ans de métier, Romain était encore jeune.
J’étais intéressé par le rotor d’éolienne qu’il transportait. À cette heure de la journée, bleutées par la brume du soleil de 4 heures, on ne devinait les autres qu’aux éclats du soleil sur leurs pales. Dès lundi matin, il déchargerait, récupérerait je ne sais quoi et repartirait au nord où l’ordre de mission suivant l’attendrait dans l’après-midi même. Un autre camion est arrivé. C’est ce moment que nous avons choisi pour reprendre la route. Il fallait ce soir encore que nous descendions, toujours plus au sud, rejoindre la côte qui se rapprochait. »
4. Le Diabolo – Chantenay-Saint-Imbert (58) – Parking pour une enfance (p. 38-47)
7. Marie-Antoinette – Communay (69) – Un voyage de noces (p. 66-71)
Extrait court
« C’était au sud de Montélimar, sur le parking d’un routier. Il devait être 3 heures et les ombres sur le sol dessinaient de grandes formes noires. Nous avons commencé par faire le tour du bâtiment avant de traîner, portes ouvertes, en regardant au loin, sur les montagnes de la Bégude, la masse énorme des éoliennes.
La maison était recouverte, comme partout ici, d’un crépi rose saumon et deux palmiers, dans des bacs poussiéreux, prenaient le vent. Il n’y avait que trois camions garés là, au-dessus d’un terrain vague où traînaient une caravane, une niche vide et un canapé défoncé. Comme je marchais dans les hautes herbes qui y menaient, de gros lézards que j’espérai ne pas être des serpents filaient devant moi.
Un homme assez jeune est sorti d’un des camions. Dans la cabine de son Renault Magnum, une petite peluche rose pendait comme un souvenir d’enfance. On imagine mal la place qu’il y a dans ces engins, et le confort aussi : lit, télévision, lecteur DVD, de quoi ranger quelques affaires. C’est en réalité le minimum au regard du temps que le chauffeur y passe. Son nom était marqué sur une plaque d’immatriculation posée sur le tableau de bord. À son accent, j’ai su qu’il venait du Nord, et cela faisait entre nous un point commun dans ce pays où quiconque vivant au nord de Lyon est presque un étranger. Romain était arrivé la veille, fumait des clopes le jour, prenait sa douche le soir, parlait un peu avec les autres quand il fallait prendre place autour la grande table du dîner et attendait le lundi, deux jours plus tard, pour livrer son chargement. Il évitait aussi un établissement plus que douteux à quelques centaines de mètres derrière le rond-point qui redonne sur la 7 ; une réputation se fait ici aussi vite qu’ailleurs et, malgré ses cinq ans de métier, Romain était encore jeune.
J’étais intéressé par le rotor d’éolienne qu’il transportait. À cette heure de la journée, bleutées par la brume du soleil de 4 heures, on ne devinait les autres qu’aux éclats du soleil sur leurs pales. Dès lundi matin, il déchargerait, récupérerait je ne sais quoi et repartirait au nord où l’ordre de mission suivant l’attendrait dans l’après-midi même. Un autre camion est arrivé. C’est ce moment que nous avons choisi pour reprendre la route. Il fallait ce soir encore que nous descendions, toujours plus au sud, rejoindre la côte qui se rapprochait. »
(p. 82-97)
4. Le Diabolo – Chantenay-Saint-Imbert (58) – Parking pour une enfance (p. 38-47)
7. Marie-Antoinette – Communay (69) – Un voyage de noces (p. 66-71)
Extrait court