Emmanuel Fontan, Les Épées n° 28, 1er février-15 avril 2009 :
? Perle bleue de la Sibérie, le lac Baïkal offre le rare spectacle d’une nature préservée. Après le désastre de la mer d’Aral ou celui de la mer Blanche, le gouvernement russe a mis un terme aux dérives industrielles de l’époque soviétique. La vision la plus stimulante du lac Baïkal n’est pas cependant celle de ses phoques ou de la clarté de ses eaux, mais plutôt celle de la vie autour de ses rives. Citadins ayant un réel recours aux forêts, descendants de cosaques ou pêcheurs sous la glace, ils ont choisi une existence âpre mais revigorante comme une vodka l’hiver. Fruit de plusieurs voyages, l’album regroupant les photos de Thomas Goisque et les textes de Sylvain Tesson donne volontiers au lac Baïkal l’air d’un paradis perdu. Un paradis perdu, donc un paradis possible. »
Jean-Louis Gouraud, Le Cheval n° 114, le 19 décembre 2008 :
? Les photos de Thomas Goisque rendent bien compte de la grandeur et de la beauté des lieux, en restituent fidèlement l’incroyable variété des couleurs : le rouge des falaises de Solnitchnaïa, l’or des arbres en octobre, le bleu diamant des éclats de glace qui surgissent du lac gelé. Surtout, il ne s’en tient pas aux seuls paysages : il a compris que l’autre richesse de ce pays, ce sont ses habitants pour lesquels il a manifestement une forte empathie, une sorte de tendresse qui donne, aux personnages dont il a tiré le portrait, une vraie proximité : la trogne burinée d’un garde-chasse, le visage lisse d’une gamine aux yeux couleur du ciel, le bon regard d’une babouchka bouriate.
Bien que les textes qui accompagnent les photos dans ce genre d’ouvrage ne soient généralement pas faits pour être lus, il faut ici faire une exception. Rédigés par Sylvain Tesson, dont on sent aussitôt la patte (d’ours), ils valent leur pesant d’omoul. Sylvain a l’art d’être sérieux et drôle en même temps. Son texte, à la fois sensible et très documenté, mêle avec intelligence, et sans pédanterie aucune, histoire et géographie, physique et littérature, anecdotes amusantes et considérations générales qui finissent par donner une idée précise (et juste) de ce pays, de ces gens, et de cette fameuse âme russe qui, à la fois, nous déconcerte et nous séduit. »