Collection « Visions »

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Couverture
Steppes :

« Une sortie dans la steppe est une course en mer. Même ivresse ou monotonie des flots berceurs. Même angoisse du grand large lorsque, dans l’espace, tout repère vient à manquer. Même soudaineté du coup de tabac devant lequel il faut mettre à la cape, et vite ! Même splendeur des levers de soleil lorsque l’astre illumine peu à peu les fleurs de la steppe et en fait autant de petits phares qui clignotent : danger, danger…
Steppe, monde de l’éphémère, de l’instant envolé mais qui s’incruste à jamais dans un recoin de la mémoire : assise, adossée à la yourte, face au frémissement de la steppe argentée qui ondule jusqu’aux premières étoiles, Saoulé, jeune Kazakhe de 18 ans, chante, sa doumbra serrée contre elle. La voix est forte, la langue heurtée, comme posée sur la sonorité profonde de cette mandoline. La mélodie est simple, émouvante. Saisi par l’intensité du moment, je ne prête aucune attention aux paroles. Je remarque seulement qu’un berger a arrêté son cheval ; il écoute, immobile, droit en selle, le regard perdu. Lui et moi, nous avons pris la passerelle de ce chant et nous voguons en plein ciel, accrochés à ces paroles, à cette voix. Bientôt, nous découvrirons, ici-bas, la gentillesse, le sourire enjôleur et le regard biseauté de celle qui nous a ensorcelés et nous ne regretterons rien d’une soirée où notre yourte sera, sur les ailes de la musique, le point de départ de célestes randonnées.

Les autres chants de la steppe, qui, monde du silence, se fait l’écho de la moindre rumeur, sont ceux de l’alouette et surtout du loup. J’étais cette nuit-là dans la steppe du Tourgaï. Je tisonnais le feu de camp. La nature alentour avait ce calme, cette immobilité qu’elle observe, par exemple, avant le chant d’un rossignol. Et, incroyablement modulé, ce fut celui du loup qui s’éleva, puissant, magique. Ce loup, me sembla-t-il, exprimait la plénitude de sa force, de sa souplesse, de sa ruse, et la lançait à la face de l’univers. Ce cri qui monte et redescend, s’épanouit puis rampe, à peine audible, avant de rejaillir, superbe et solitaire, c’est le témoignage de cet animal, le dépassement de sa vie terre à terre de coureur des steppes, son évasion vers l’au-delà. »

(p. 24-25)

Aral (p. 6-9)
Déserts (p. 46-49)
Montagne (p. 90-91)
Extraits d’articles
La mer d’Aral
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