« Au sud de Pékin s’étend une chaîne de montagnes. Ayant passé sa vie à la contempler, un vieillard voulut, dans les derniers instants de sa vie, réaliser son rêve : créer un passage qui donne accès à l’autre versant des sommets. Un homme que le peuple tenait pour sage tenta de le détourner de ce projet : “Avec les forces qui te restent dans ta décrépitude, tu es incapable d’arracher fût-ce un brin d’herbe de la montagne et tu veux déplacer la terre et les rochers ?” Aucun argument ne put dissuader le vieillard obstiné. Tout son entourage se joignit donc à lui pour casser les pierres et les transporter une à une, dans la vallée. Mais le labeur paraissait démesuré à l’échelle humaine. C’est alors que les deux fils du vieillard entendirent une voix inconnue, leur ordonnant de charger deux montagnes sur leur dos et de les déposer plus loin. Ce qui fut fait. Le vieil homme put ainsi s’engager dans la passe ; passeur, il ne connaissait plus de frontière. Jamais personne ne le revit.
Les hommes ont de tout temps cherché à se frayer un couloir pour joindre le connu à l’inconnu. À mi-course, l’espace leur a ménagé une pause. Ligne de partage entre ombre et soleil, le col est ce refuge du voyageur – le port des nouveaux mondes. Ce but d’aujourd’hui où se forge l’étape du lendemain. Le nomade y fait escale, pour le repos d’une nuit. Sans toutefois s’y installer : celui qui s’est hissé jusqu’au col doit passer outre, franchir la limite. Il ne s’attachera pas au passage, mais à la promesse de ce qui s’étend au-delà. Insouciant de l’écho du passé résonnant dans la plaine, il longera les crêtes et descendra vers les territoires inconnus offerts à sa vue.
Il lui restera à affronter la descente, l’autre versant des épreuves. Longue est encore sa route, lointain l’horizon. Qu’importe : lorsqu’on veut rapprocher les hommes, le courage ne déplace-t-il pas les montagnes ? »
Éditorial par Gaële de La Brosse
Extraits d’articles
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La naissance de l’alpinisme
Les hommes ont de tout temps cherché à se frayer un couloir pour joindre le connu à l’inconnu. À mi-course, l’espace leur a ménagé une pause. Ligne de partage entre ombre et soleil, le col est ce refuge du voyageur – le port des nouveaux mondes. Ce but d’aujourd’hui où se forge l’étape du lendemain. Le nomade y fait escale, pour le repos d’une nuit. Sans toutefois s’y installer : celui qui s’est hissé jusqu’au col doit passer outre, franchir la limite. Il ne s’attachera pas au passage, mais à la promesse de ce qui s’étend au-delà. Insouciant de l’écho du passé résonnant dans la plaine, il longera les crêtes et descendra vers les territoires inconnus offerts à sa vue.
Il lui restera à affronter la descente, l’autre versant des épreuves. Longue est encore sa route, lointain l’horizon. Qu’importe : lorsqu’on veut rapprocher les hommes, le courage ne déplace-t-il pas les montagnes ? »
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