Collection « Chemins d’étoiles »

  • Bestiaire du voyageur (Le)
  • Îles funestes, îles bienheureuses
  • Au fil des routes de la soie
  • Imaginaires du Grand Nord
  • Arbres, peuple immense
  • Chemins d’étoiles n° 8
  • Appel du sommet (L’)
  • Chemins d’étoiles n° 6
  • Chemins d’étoiles n° 5
  • Chemins d’étoiles n° 4
  • Chemins d’étoiles n° 3
  • Chemins d’étoiles n° 2
  • Chemins d’étoiles n° 1
Couverture
« De chaque rive du fleuve, deux âmes s’appelaient.
Chaque nuit, Léandre traversait à la nage l’Hellespont pour rejoindre l’être aimé : Hero, la prêtresse, qui le guidait à l’aide d’une torche. Un soir, la tempête éteignit le flambeau et Léandre fut englouti par les flots. Deux tours furent construites, face à face. L’une, près de Lesbos, immortalisait le nom de Hero. L’autre, près d’Abydos, portait celui de Léandre. Deux flammes ainsi protégées continuèrent à briller, prolongeant le souvenir.
Dans leur sillage, des tours s’embrasèrent çà et là, illuminant l’antique Méditerranée de multiples fanaux.
On les confondit avec des étoiles. Mais au moindre souffle de vent ils vacillaient. Ce n’étaient en réalité que des signaux vulnérables, dont il fallait entretenir l’ardeur. Patiemment.
On chercha donc pour ces foyers des veilleurs. Des défenseurs de la flamme sacrée investis d’une mission. La “tradition du service” des temples-phares, initiée par les adorateurs du Soleil et les prêtres de Thétis, renaissait.
Ils auraient bien aimé, ces gardiens du feu, que les étoiles fussent réellement descendues sur la Terre. Mais les astres lointains semblaient vouloir, pour un temps encore, se maintenir à l’aplomb de la voûte céleste. Il revenait donc aux hommes d’éclairer leurs semblables.
Car les bouées ne suffisent pas à maintenir le cap et à baliser le chenal. Les amers ne permettent pas d’éviter les naufrages. Il faut des guetteurs pour orienter la course des frêles embarcations humaines. Il faut des sentinelles pour baliser les hauts fonds rocheux, mesurer les vagues et indiquer les courants. Pour observer les nuages et scruter l’horizon.
Ne serait-ce qu’un homme qui, seul, garde l’immensité de la mer. Au péril de sa vie. Au péril de l’ennui. Au péril, parfois, de la folie.
Afin que le soir venu, dans le brouillard, scintille sur la plus haute falaise une pâle lueur. Un repère dans la nuit.
Le guide saura alors qu’il a mené le bateau à bon port. À ce signal, seulement, il pourra revenir sur la Terre. Et il se laissera conduire, parmi les siens. »

Éditorial par Gaële de La Brosse
Extraits d’articles
Le haïku, ou l’art d’écrire en voyage
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