« Jadis, raconte une légende eskimo, les hommes vivaient de chasse et de pêche, mais ne savaient se réjouir. Un jour, un jeune chasseur rencontra un aigle, qui lui dit : “Si tu ne me promets d’instaurer chez toi les chants et les danses, je te tuerai.” Effrayé, le chasseur en fit promesse. L’aigle le conduisit alors à une maison d’où s’échappait un étrange bruit de martèlement.
“C’est le cœur de ta mère que tu entends, lui dit l’aigle. C’est elle qui t’apprendra à construire un tambour, à chanter et à danser.”
Revenu chez les humains, le jeune garçon bâtit une grande maison, fabriqua des tambours et se mit à composer des chansons. Il invita tous ceux qu’il rencontra : loups, renards, caribous. Et la fête commença, ponctuée de chants, de danses? et de battements de tambours.
Quand la journée fut finie et que les invités s’en allèrent, on se rendit compte qu’ils avaient changé de visage. Si grand était le pouvoir du tambour qu’ils s’étaient transformés en êtres humains, capables de chanter, de rire et de danser. Capables, aussi, de concevoir la douleur de l’adieu.
Descendue du ciel, la musique s’était réveillée au cœur de la terre.
Elle s’était remise à vibrer au sein de l’être en sommeil, à scander ses paroles et ses gestes. À dessiner la grande partition de chaque destinée.
Depuis lors, c’est elle qui bat la mesure. À tout âge de la vie, elle rythme le Passage. La naissance et la mort, la souffrance et la joie. Le noble roseau n’est plus seul à accompagner le dieu Pan sur sa flûte, l’oiseau royal n’est plus seul à guider Hermès sur sa lyre. L’homme a reçu en divin partage l’héritage des Muses. Musicien, il devient créateur. Créateur, il se fait médiateur.
Médiateur d’une note légère qui parfois s’échappe et s’envole ; et reste en suspens, là-haut, entre deux mondes? écho de son existence – unique –, écho de sa grandeur.
Certains de ces accords, pâles lueurs, perdent leur chemin dans la nuit. Mais d’autres viennent se poser, délicatement, sur les lignes droites d’une page blanche. D’un intervalle à l’autre se forme alors la mélodie, l’harmonie d’une vie. Longtemps divisée, désormais réconciliée. »
Éditorial par Gaële de La Brosse
Extraits d’articles
Sur la route bleue
“C’est le cœur de ta mère que tu entends, lui dit l’aigle. C’est elle qui t’apprendra à construire un tambour, à chanter et à danser.”
Revenu chez les humains, le jeune garçon bâtit une grande maison, fabriqua des tambours et se mit à composer des chansons. Il invita tous ceux qu’il rencontra : loups, renards, caribous. Et la fête commença, ponctuée de chants, de danses? et de battements de tambours.
Quand la journée fut finie et que les invités s’en allèrent, on se rendit compte qu’ils avaient changé de visage. Si grand était le pouvoir du tambour qu’ils s’étaient transformés en êtres humains, capables de chanter, de rire et de danser. Capables, aussi, de concevoir la douleur de l’adieu.
Descendue du ciel, la musique s’était réveillée au cœur de la terre.
Elle s’était remise à vibrer au sein de l’être en sommeil, à scander ses paroles et ses gestes. À dessiner la grande partition de chaque destinée.
Depuis lors, c’est elle qui bat la mesure. À tout âge de la vie, elle rythme le Passage. La naissance et la mort, la souffrance et la joie. Le noble roseau n’est plus seul à accompagner le dieu Pan sur sa flûte, l’oiseau royal n’est plus seul à guider Hermès sur sa lyre. L’homme a reçu en divin partage l’héritage des Muses. Musicien, il devient créateur. Créateur, il se fait médiateur.
Médiateur d’une note légère qui parfois s’échappe et s’envole ; et reste en suspens, là-haut, entre deux mondes? écho de son existence – unique –, écho de sa grandeur.
Certains de ces accords, pâles lueurs, perdent leur chemin dans la nuit. Mais d’autres viennent se poser, délicatement, sur les lignes droites d’une page blanche. D’un intervalle à l’autre se forme alors la mélodie, l’harmonie d’une vie. Longtemps divisée, désormais réconciliée. »
Éditorial par Gaële de La Brosse
Extraits d’articles
Sur la route bleue