Interviews


Terre de Feu (Chili)
Année 1998
© Thierry Debyser

Bruno d’Halluin – La Muse de l’histoire souffle dans les voiles
propos recueillis par Matthieu Delaunay

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Où et comment est née votre passion pour la navigation hauturière ?
La gestation a eu lieu pendant mon enfance mais tout a véritablement commencé à l’âge de 20 ans, quand un ami m’a invité, à bord du Mousquetaire club de son père, à naviguer dix jours durant entre la Bretagne et la Vendée. Puis, ç’a été les croisières entre amis sur des bateaux de location, aux Antilles ou vers l’Irlande, et, enfin, l’école de voile des Glénans à Paimpol, où je suis devenu moniteur.

Vous êtes parti dans le sillage de navigateurs anciens. Quelles figures vous inspirent le plus ?
Je suis admiratif des navigateurs de l’époque des Grandes Découvertes, mais je n’ignore pas leur part sombre : ils sont responsables des premiers massacres d’indigènes. J’avoue avoir un faible pour Magellan qui, semble-t-il, a mieux respecté que la plupart de ses contemporains les autochtones des contrées visitées. Et puis il est à l’origine du premier tour du monde, ce qui n’est pas rien ! Et sa fin tragique avant d’avoir pu l’accomplir n’enlève rien à son mérite.

Comment procédez-vous pour écrire vos ouvrages ?
Pour écrire La Volta, le récit de mon voyage à la voile jusqu’au cap Horn, j’avais loué un studio à Belle-ÃŽle, sous les toits, en hiver, sans téléphone ni télévision : le bonheur ! Pour écrire mon roman Jón l’Islandais, j’ai passé trois jours par semaine à bord de mon voilier amarré sur une rivière du Morbihan. J’ai besoin de m’isoler, et d’avoir au moins une journée devant moi pour être pleinement dans mon sujet. Il me serait impossible, comme le font certains, d’écrire à la terrasse d’un café !

Comment êtes-vous passé de l’écriture de voyage à celle du roman historique ?
Mon second périple, en Islande, et Jón l’Islandais sont étroitement liés. L’idée de ce roman m’est venue d’une coïncidence de l’histoire : à la fin du XVe siècle, au moment où Christophe Colomb découvre l’Amérique, disparaissent les descendants des Vikings, ceux qui l’avaient découverte cinq siècles plus tôt. Mon héros, Jón, allait être le témoin privilégié de cette ironie de l’histoire. Dans mon récit de voyage à la voile, il y avait déjà de nombreux liens avec l’histoire de la navigation ; cela a facilité la transition d’un genre d’écriture à l’autre !

Quelle serait la bibliothèque idéale à bord de votre bateau ?
Outre quelques récits maritimes incontournables comme La Longue Route de Bernard Moitessier ou Damien autour du monde de Gérard Janichon, j’emporterai des auteurs qui évoquent les escales à venir. Lors de mon premier voyage, vers l’Amérique du Sud, j’avais particulièrement apprécié Tierra del Fuego de Francisco Coloane, Le Vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepúlveda et Le Baiser de la femme-araignée de Manuel Puig. Lors de mon second périple, j’avais à bord plusieurs Racontars arctiques de Jørn Riel, ou son plus sombre mais magnifique Le Jour avant le lendemain.
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