Interviews
Alatau dzoungare (Kazakhstan)
Année 2007
© Nicolas Ducret
Nicolas Ducret – Au fil de la steppe
propos recueillis par Matthieu Delaunay
Archives des interviews
Quels ressorts vous poussent à voyager ?
La soif de découvertes, l’envie de se frotter à une autre réalité du monde, d’avoir le sentiment de vivre pleinement une expérience différente, hors des sentiers battus, où l’on n’aurait peut-être pas tout à gagner. Partir de longs mois sur les routes correspond à un chavirement de l’être, un plongeon vers l’inconnu et un engagement total qui rend le moment plus fort. Dans ce type de voyage, pas de demi-tour ! Toujours avancer, c’est la seule voie de salut !
D’où vous vient votre passion pour l’Asie centrale ?
La passion vient des chevaux. Tout cavalier se doit un jour ou l’autre de faire un saut en Asie centrale. Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, tous ces pays sont tellement riches ! L’Asie centrale est un carrefour historique : Alexandre le Grand, Gengis Khan, Tamerlan y sont passés. Plus récemment, la colonisation russe et la période soviétique ont marqué cette région. Tout cela produit un concentré d’influences variées, sources de nombreuses richesses. Je crois que la nature des hommes a été marquée par ces influences.
Qu’avez-vous appris techniquement et pratiquement des cavaliers d’Asie centrale ?
Au cours des siècles, en France et en Europe, une équitation de très haut niveau et une connaissance très approfondie du cheval ont été développées. On s’est mis à ? travailler » les chevaux plus seulement pour se déplacer, mais aussi pour l’art. En Asie centrale, l’équitation répond à des impératifs de travail et de déplacement, le cheval est utilisé pour se déplacer et s’occuper du bétail. Les techniques de ces régions sont donc adaptées à cela, mais restent néanmoins assez sommaires.
Quels sont les bonheurs et contraintes du voyage à cheval ?
Le grand avantage à cheval est d’? être seul sans l’être », de pouvoir se rendre là où aucun véhicule ne peut aller en complète autonomie. Chevaucher en quittant toutes les routes, filer dans la steppe en ligne droite, voguer lentement au gré du pas de sa monture? Et se sentir un peu cheval ! Mais il n’y a jamais de repos avec les chevaux. Il faut toujours s’en occuper, trouver de l’eau, de la bonne herbe, de l’orge, les ferrer, les soigner le cas échéant, les surveiller en particulier la nuit pour pas se les faire voler ; mais avec la certitude qu’en cas de coup dur, ils seront toujours une présence réconfortante.
Quel livre de la littérature russe vous a particulièrement ému ?
Les Frères Karamazov a été une bonne lecture du haut de ma selle. Ce qui me plaît particulièrement dans cette œuvre, c’est l’ambiance. Ces personnages russes qui dans des élans d’ivresse et de passion créent l’irréparable, mais après s’arrachent les cheveux le restant de leur vie de dégoût. Ils ne sont pas ternes, mais grandioses. Dimitri par exemple est un personnage intéressant : un débauché où corps et âme s’affrontent perpétuellement. Et puis les romans de Dostoïevski sont toujours très riches de sens, ils invitent le voyageur à ponctuer son errance de belles réflexions.
La soif de découvertes, l’envie de se frotter à une autre réalité du monde, d’avoir le sentiment de vivre pleinement une expérience différente, hors des sentiers battus, où l’on n’aurait peut-être pas tout à gagner. Partir de longs mois sur les routes correspond à un chavirement de l’être, un plongeon vers l’inconnu et un engagement total qui rend le moment plus fort. Dans ce type de voyage, pas de demi-tour ! Toujours avancer, c’est la seule voie de salut !
D’où vous vient votre passion pour l’Asie centrale ?
La passion vient des chevaux. Tout cavalier se doit un jour ou l’autre de faire un saut en Asie centrale. Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, tous ces pays sont tellement riches ! L’Asie centrale est un carrefour historique : Alexandre le Grand, Gengis Khan, Tamerlan y sont passés. Plus récemment, la colonisation russe et la période soviétique ont marqué cette région. Tout cela produit un concentré d’influences variées, sources de nombreuses richesses. Je crois que la nature des hommes a été marquée par ces influences.
Qu’avez-vous appris techniquement et pratiquement des cavaliers d’Asie centrale ?
Au cours des siècles, en France et en Europe, une équitation de très haut niveau et une connaissance très approfondie du cheval ont été développées. On s’est mis à ? travailler » les chevaux plus seulement pour se déplacer, mais aussi pour l’art. En Asie centrale, l’équitation répond à des impératifs de travail et de déplacement, le cheval est utilisé pour se déplacer et s’occuper du bétail. Les techniques de ces régions sont donc adaptées à cela, mais restent néanmoins assez sommaires.
Quels sont les bonheurs et contraintes du voyage à cheval ?
Le grand avantage à cheval est d’? être seul sans l’être », de pouvoir se rendre là où aucun véhicule ne peut aller en complète autonomie. Chevaucher en quittant toutes les routes, filer dans la steppe en ligne droite, voguer lentement au gré du pas de sa monture? Et se sentir un peu cheval ! Mais il n’y a jamais de repos avec les chevaux. Il faut toujours s’en occuper, trouver de l’eau, de la bonne herbe, de l’orge, les ferrer, les soigner le cas échéant, les surveiller en particulier la nuit pour pas se les faire voler ; mais avec la certitude qu’en cas de coup dur, ils seront toujours une présence réconfortante.
Quel livre de la littérature russe vous a particulièrement ému ?
Les Frères Karamazov a été une bonne lecture du haut de ma selle. Ce qui me plaît particulièrement dans cette œuvre, c’est l’ambiance. Ces personnages russes qui dans des élans d’ivresse et de passion créent l’irréparable, mais après s’arrachent les cheveux le restant de leur vie de dégoût. Ils ne sont pas ternes, mais grandioses. Dimitri par exemple est un personnage intéressant : un débauché où corps et âme s’affrontent perpétuellement. Et puis les romans de Dostoïevski sont toujours très riches de sens, ils invitent le voyageur à ponctuer son errance de belles réflexions.