Interviews
Forêt de Brocéliande – Ille-et-Vilaine (France)
Année 2011
© David Lefèvre
David Lefèvre – Sédentaire, oui, mais dans une cabane !
propos recueillis par Léopoldine Leblanc
Archives des interviews
Après l’itinérance sur les routes d’Amérique du Sud, la sédentarisation sur une île? Est-ce un processus logique, inévitable ?
Pas nécessairement mais elle seule peut dégager le temps de l’écriture. Elle permet de s’arrêter pour se remettre en cause et, dans mon cas, de vivre une expérience de vie orientée vers une relative autonomie, consacrée aussi aux activités manuelles. Elle est aussi le pendant d’une vie où l’on a voyagé, le bagage léger, avec peu. Le voyage en continu est riche de vertus mais il laisse un tas d’expériences sur le bord de la route. Il ne permet pas tout. Et puis se sédentariser un temps dans une cabane, c’est aussi demeurer en état de partance. La cabane n’emprisonne pas, elle demeure un lieu de transit, un logis provisoire.
La vie solitaire est-elle possible de nos jours ?
Au sens strict, elle est importante pour mieux apprécier ensuite le retour vers les autres et leur compagnie. Si vous voulez parler de se suffire à soi-même, c’est possible en grande partie pour qui a le désir de revenir au contact de la terre, de faire un pas de côté en réduisant ses besoins. Il suffit que le lieu choisi soit assez généreux. Ne reste ensuite qu’à relever ses manches.
Quels bénéfices et quelles joies trouver dans la vie simple et dépouillée ?
Désencombré du superflu, je me consacre à l’indispensable. Par ailleurs, je me sens plus présent au monde, plus réceptif, plus ouvert à l’inattendu qui est justement source de joies nouvelles. Mon attention se fixe sur l’essentiel. Au contraire, les biens matériels non indispensables qui nous entourent font écran et nous en détournent. Les objets sont aliénants, le dépouillement nous redonne une marge de manœuvre.
Vous avez écrit deux récits et bouclez un essai, aimeriez-vous explorer d’autres genres littéraires ?
J’ai une affection particulière pour les mystères non élucidés de l’histoire, les tragédies humaines, notamment maritimes, dont le déroulement exact est resté dans l’ombre. J’aimerais écrire, non pas un roman historique, mais une sorte de fiction ouverte qui pénètre les arcanes d’une belle histoire en imaginant des destins à des personnages oubliés, ignorés ou jugés mineurs, non pas en refaisant l’histoire avérée mais en essayant en quelque sorte de la transcender. On pourrait parler de ? récit hypothétique » par exemple. Mais c’est en apparence très ambitieux? Si ça l’est trop, je tenterai peut-être l’écriture satirique du voyage d’un antihéros comique né dans mon esprit.
Un livre à prendre en cabane ?
Pour la semaine, et pour changer de monde, emportons l’œuvre bigarrée d’un auteur où rien n’est à jeter, comme celle de Henry Miller ! Pour les week-ends, emportons des compagnons avec lesquels on partagera une même solitude ! Par exemple Vingt-cinq ans de solitude de John Haines ou Rêves arctiques de Barry Lopez.
Pas nécessairement mais elle seule peut dégager le temps de l’écriture. Elle permet de s’arrêter pour se remettre en cause et, dans mon cas, de vivre une expérience de vie orientée vers une relative autonomie, consacrée aussi aux activités manuelles. Elle est aussi le pendant d’une vie où l’on a voyagé, le bagage léger, avec peu. Le voyage en continu est riche de vertus mais il laisse un tas d’expériences sur le bord de la route. Il ne permet pas tout. Et puis se sédentariser un temps dans une cabane, c’est aussi demeurer en état de partance. La cabane n’emprisonne pas, elle demeure un lieu de transit, un logis provisoire.
La vie solitaire est-elle possible de nos jours ?
Au sens strict, elle est importante pour mieux apprécier ensuite le retour vers les autres et leur compagnie. Si vous voulez parler de se suffire à soi-même, c’est possible en grande partie pour qui a le désir de revenir au contact de la terre, de faire un pas de côté en réduisant ses besoins. Il suffit que le lieu choisi soit assez généreux. Ne reste ensuite qu’à relever ses manches.
Quels bénéfices et quelles joies trouver dans la vie simple et dépouillée ?
Désencombré du superflu, je me consacre à l’indispensable. Par ailleurs, je me sens plus présent au monde, plus réceptif, plus ouvert à l’inattendu qui est justement source de joies nouvelles. Mon attention se fixe sur l’essentiel. Au contraire, les biens matériels non indispensables qui nous entourent font écran et nous en détournent. Les objets sont aliénants, le dépouillement nous redonne une marge de manœuvre.
Vous avez écrit deux récits et bouclez un essai, aimeriez-vous explorer d’autres genres littéraires ?
J’ai une affection particulière pour les mystères non élucidés de l’histoire, les tragédies humaines, notamment maritimes, dont le déroulement exact est resté dans l’ombre. J’aimerais écrire, non pas un roman historique, mais une sorte de fiction ouverte qui pénètre les arcanes d’une belle histoire en imaginant des destins à des personnages oubliés, ignorés ou jugés mineurs, non pas en refaisant l’histoire avérée mais en essayant en quelque sorte de la transcender. On pourrait parler de ? récit hypothétique » par exemple. Mais c’est en apparence très ambitieux? Si ça l’est trop, je tenterai peut-être l’écriture satirique du voyage d’un antihéros comique né dans mon esprit.
Un livre à prendre en cabane ?
Pour la semaine, et pour changer de monde, emportons l’œuvre bigarrée d’un auteur où rien n’est à jeter, comme celle de Henry Miller ! Pour les week-ends, emportons des compagnons avec lesquels on partagera une même solitude ! Par exemple Vingt-cinq ans de solitude de John Haines ou Rêves arctiques de Barry Lopez.