Interviews
Minneapolis – Minnesota (États-Unis)
Année 2008
© Sandrine Uccellini
Philippe Sauve – Voyager pour s’affranchir du conditionnement social
propos recueillis par Matthieu Delaunay
Archives des interviews
Qu’est-ce qui a motivé votre premier voyage ?
Très jeune, j’ai ressenti le besoin de trouver un chemin hors du conditionnement social. Ce désir de liberté m’a conduit à démissionner de l’arsenal de Toulon où j’étais employé. Au fond des cales du porte-avions Foch, devant l’étrangeté d’un panneau électrique, j’ai fait le choix de partir, de tout abandonner pour une autre vie. Cette nouvelle existence a débuté autour de la planète, en deux années d’un voyage extraordinaire. Aujourd’hui encore, ce premier périple continue d’inspirer mes orientations.
Pourquoi l’Amérique vous attire-t-elle autant ?
J’aime cette contrée. J’y ai passé la plus belle année de ma vie : celle de mes 18 ans. J’y ai appris l’anglais et la vie de routard pendant sept mois de marche à travers quatorze États, toujours soutenu dans ma progression par la population. Une véritable chaîne humaine de gentillesse m’a transporté de ville en ville. Je n’ai pas connu l’Amérique profonde réputée dangereuse mais plutôt un pays qui m’a toujours accueilli les bras ouverts. C’est donc en ce lieu, berceau de mon adolescence, que je me rends pour me ressourcer.
D’où vous vient le goût pour l’écriture et la volonté de vivre de votre plume ?
Je dois beaucoup à l’écriture, car elle m’a sorti de la folie lors de mes premières semaines de voyage en 1992. Tandis que je me perdais dans les montagnes Rocheuses, j’entrepris de déverser sur les pages de mon journal la tristesse de la solitude. Je me sentis très vite apaisé. J’ai décidé de consacrer ma vie à l’écriture, même si je dois devenir clochard, sans le sou. De nos jours, vivre de sa plume est surtout réservé à un groupe de gens très médiatiques dont la demeure est jalousement gardée. Je n’ai pas envie de me brûler les ailes en tentant de m’y infiltrer ; je préfère attendre que le lecteur attentif me lise.
Quel type de voyage aimeriez-vous effectuer ?
J’ai été les yeux de mon ami Georges Nicolas, non-voyant depuis 1995, à l’occasion d’une traversée à pied de l’Islande que nous avons effectuée en septembre 2010. Mais je rêve sans nul doute d’un voyage intérieur. Comme la plupart des Occidentaux, je suis victime de multiples dépendances qui nuisent à ma liberté. Je suis un consommateur, dit-on, et non un individu à part entière. J’envisage donc un voyage immobile, un voyage méditatif dans le décor grandiose de la nature.
Quel serait, pour vous, le livre de voyage idéal ?
Je suis un très mauvais lecteur. Je n’aime pas que la musique des mots jouée par un autre influence mon écriture. Ainsi, je n’ai jamais lu de récits contemporains ou seulement quelques bribes. Mon livre de voyage idéal serait celui écrit avec le cœur, par un individu libre, n’ayant aucune connaissance pratique de son environnement. Trop souvent, les récits se chargent d’informations ou de références inutiles qui étouffent l’essence de la pensée du voyageur. C’est un manque d’authenticité qui empêche l’écriture du récit idéal, épuré, des sentiments en mouvement.
Très jeune, j’ai ressenti le besoin de trouver un chemin hors du conditionnement social. Ce désir de liberté m’a conduit à démissionner de l’arsenal de Toulon où j’étais employé. Au fond des cales du porte-avions Foch, devant l’étrangeté d’un panneau électrique, j’ai fait le choix de partir, de tout abandonner pour une autre vie. Cette nouvelle existence a débuté autour de la planète, en deux années d’un voyage extraordinaire. Aujourd’hui encore, ce premier périple continue d’inspirer mes orientations.
Pourquoi l’Amérique vous attire-t-elle autant ?
J’aime cette contrée. J’y ai passé la plus belle année de ma vie : celle de mes 18 ans. J’y ai appris l’anglais et la vie de routard pendant sept mois de marche à travers quatorze États, toujours soutenu dans ma progression par la population. Une véritable chaîne humaine de gentillesse m’a transporté de ville en ville. Je n’ai pas connu l’Amérique profonde réputée dangereuse mais plutôt un pays qui m’a toujours accueilli les bras ouverts. C’est donc en ce lieu, berceau de mon adolescence, que je me rends pour me ressourcer.
D’où vous vient le goût pour l’écriture et la volonté de vivre de votre plume ?
Je dois beaucoup à l’écriture, car elle m’a sorti de la folie lors de mes premières semaines de voyage en 1992. Tandis que je me perdais dans les montagnes Rocheuses, j’entrepris de déverser sur les pages de mon journal la tristesse de la solitude. Je me sentis très vite apaisé. J’ai décidé de consacrer ma vie à l’écriture, même si je dois devenir clochard, sans le sou. De nos jours, vivre de sa plume est surtout réservé à un groupe de gens très médiatiques dont la demeure est jalousement gardée. Je n’ai pas envie de me brûler les ailes en tentant de m’y infiltrer ; je préfère attendre que le lecteur attentif me lise.
Quel type de voyage aimeriez-vous effectuer ?
J’ai été les yeux de mon ami Georges Nicolas, non-voyant depuis 1995, à l’occasion d’une traversée à pied de l’Islande que nous avons effectuée en septembre 2010. Mais je rêve sans nul doute d’un voyage intérieur. Comme la plupart des Occidentaux, je suis victime de multiples dépendances qui nuisent à ma liberté. Je suis un consommateur, dit-on, et non un individu à part entière. J’envisage donc un voyage immobile, un voyage méditatif dans le décor grandiose de la nature.
Quel serait, pour vous, le livre de voyage idéal ?
Je suis un très mauvais lecteur. Je n’aime pas que la musique des mots jouée par un autre influence mon écriture. Ainsi, je n’ai jamais lu de récits contemporains ou seulement quelques bribes. Mon livre de voyage idéal serait celui écrit avec le cœur, par un individu libre, n’ayant aucune connaissance pratique de son environnement. Trop souvent, les récits se chargent d’informations ou de références inutiles qui étouffent l’essence de la pensée du voyageur. C’est un manque d’authenticité qui empêche l’écriture du récit idéal, épuré, des sentiments en mouvement.