Interviews
Palais de Batusangkar, pays minangkabau – Sumatra (Indonésie)
Année 2007
© Jocelyne Perrot-Figueras
Raymond Figueras – Pour la beauté de l’âme
propos recueillis par Matthieu Delaunay
Archives des interviews
Qu’est-ce qui vous a mené au voyage ?
Dès l’enfance, j’ai voyagé, transité. Mes parents ont régulièrement déménagé et j’ai pu habiter dans des endroits radicalement différents : à Paris, dans une rue de galeries d’art, sur l’île Sainte-Catherine, dans l’Oise, ou en forêt de Brocéliande. Des lieux mythiques, en somme. J’ai sûrement dû prendre le goût de l’ailleurs à ce moment-là. Et il y a eu la pension : être enfermé pendant de longues semaines a sans doute fini de me convaincre qu’il fallait que je parte, que je sois libre d’aller et venir comme il me plaisait.
Qu’êtes-vous allé chercher dans les îles ?
Au départ, ma femme et moi étions censés vivre à Kaboul. L’invasion de l’Afghanistan par l’armée russe en a décidé autrement, aussi est-ce un peu par hasard que nous sommes allés à Tahiti. Ce fut un déclic. Les choses y sont très différentes. L’insularité offre une autre manière de vivre, une autre approche. D’autant que, quand nous sommes arrivés, il n’y avait pas d’électricité. Et puis, c’est un petit peu une vie rêvée : du soleil, des plages fantastiques, une mer turquoise, des gens agréables, une vie de carte postale, même si, bien sûr, nous travaillions beaucoup !
Pourquoi avoir choisi de devenir éducateur spécialisé ? Est-ce que ce métier a eu une influence dans vos orientations voyageuses ?
Là encore, c’est presque un hasard ! J’ai tenté plein d’autres choses avant. Ça n’a d’ailleurs pas trop mal marché mais je me suis vite lassé. De fil en aiguille, je suis devenu éducateur spécialisé. Ce fut en quelque sorte un premier pas en direction de l’ethnologie, mais je ne crois pas que mon métier ait eu une influence dans ma manière de voyager. J’ai toujours beaucoup voyagé avec une volonté d’aborder, de découvrir des cultures inconnues.
D’où vous vient cette passion pour les hommes-fleurs ?
D’abord, je connais bien l’Indonésie : n’est-elle pas en face de la Réunion, où j’ai longuement résidé ? J’en suis tout de suite tombé amoureux et me suis fait la promesse d’y retourner un jour pour l’étudier en profondeur. J’ai entendu parler des hommes-fleurs et ai décidé d’aller à Sumatra pour rencontrer les Mentawai. Là encore, un peu sur un coup de tête, à croire que je ne réfléchis pas beaucoup. Mais tout est passionnant chez ces gens : ils vivent dans une forêt primaire quasiment coupés du monde, chassent à l’arc, sont pétris de traditions chamaniques. Et leurs tatouages, leurs vêtements, leurs couleurs? Tout est très surprenant ! Et dans le même temps, ces peuples sont en danger? Comment ne pas être passionné ?
Trois livres que vous chérissez ?
Sans hésiter, même s’il pourrait y en avoir d’autres : Moby Dick d’Herman Melville, Les Raisins de la colère de John Steinbeck et Les Immémoriaux de Victor Segalen. Dans ce dernier ouvrage, Segalen dresse un portrait sublime de la Polynésie en essayant de comprendre les Tahitiens, de se mettre dans leur peau. Alors qu’avant, tous les écrits étaient descriptifs, celui-ci apporte une autre lecture de ces cultures en danger. C’est un livre à caractère fortement ethnologique qui m’a beaucoup influencé.
Dès l’enfance, j’ai voyagé, transité. Mes parents ont régulièrement déménagé et j’ai pu habiter dans des endroits radicalement différents : à Paris, dans une rue de galeries d’art, sur l’île Sainte-Catherine, dans l’Oise, ou en forêt de Brocéliande. Des lieux mythiques, en somme. J’ai sûrement dû prendre le goût de l’ailleurs à ce moment-là. Et il y a eu la pension : être enfermé pendant de longues semaines a sans doute fini de me convaincre qu’il fallait que je parte, que je sois libre d’aller et venir comme il me plaisait.
Qu’êtes-vous allé chercher dans les îles ?
Au départ, ma femme et moi étions censés vivre à Kaboul. L’invasion de l’Afghanistan par l’armée russe en a décidé autrement, aussi est-ce un peu par hasard que nous sommes allés à Tahiti. Ce fut un déclic. Les choses y sont très différentes. L’insularité offre une autre manière de vivre, une autre approche. D’autant que, quand nous sommes arrivés, il n’y avait pas d’électricité. Et puis, c’est un petit peu une vie rêvée : du soleil, des plages fantastiques, une mer turquoise, des gens agréables, une vie de carte postale, même si, bien sûr, nous travaillions beaucoup !
Pourquoi avoir choisi de devenir éducateur spécialisé ? Est-ce que ce métier a eu une influence dans vos orientations voyageuses ?
Là encore, c’est presque un hasard ! J’ai tenté plein d’autres choses avant. Ça n’a d’ailleurs pas trop mal marché mais je me suis vite lassé. De fil en aiguille, je suis devenu éducateur spécialisé. Ce fut en quelque sorte un premier pas en direction de l’ethnologie, mais je ne crois pas que mon métier ait eu une influence dans ma manière de voyager. J’ai toujours beaucoup voyagé avec une volonté d’aborder, de découvrir des cultures inconnues.
D’où vous vient cette passion pour les hommes-fleurs ?
D’abord, je connais bien l’Indonésie : n’est-elle pas en face de la Réunion, où j’ai longuement résidé ? J’en suis tout de suite tombé amoureux et me suis fait la promesse d’y retourner un jour pour l’étudier en profondeur. J’ai entendu parler des hommes-fleurs et ai décidé d’aller à Sumatra pour rencontrer les Mentawai. Là encore, un peu sur un coup de tête, à croire que je ne réfléchis pas beaucoup. Mais tout est passionnant chez ces gens : ils vivent dans une forêt primaire quasiment coupés du monde, chassent à l’arc, sont pétris de traditions chamaniques. Et leurs tatouages, leurs vêtements, leurs couleurs? Tout est très surprenant ! Et dans le même temps, ces peuples sont en danger? Comment ne pas être passionné ?
Trois livres que vous chérissez ?
Sans hésiter, même s’il pourrait y en avoir d’autres : Moby Dick d’Herman Melville, Les Raisins de la colère de John Steinbeck et Les Immémoriaux de Victor Segalen. Dans ce dernier ouvrage, Segalen dresse un portrait sublime de la Polynésie en essayant de comprendre les Tahitiens, de se mettre dans leur peau. Alors qu’avant, tous les écrits étaient descriptifs, celui-ci apporte une autre lecture de ces cultures en danger. C’est un livre à caractère fortement ethnologique qui m’a beaucoup influencé.