Interviews
Yves Yger – Les arbres de l’enfance
propos recueillis par Justine Brun
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Votre ouvrage est un éloge à la nature. Écrivez-vous souvent sur ce sujet ? Cela reflète-il une certaine sensibilité écologique ?
J’écris presque quotidiennement des chroniques ou des fables autour du monde végétal, que ce soit à l’occasion de mes randonnées sur les sentiers de France, ou simplement en observant mon jardin. Je sens que mon devoir est de les partager, tant cet univers m’apporte du bonheur. C’est ma contribution à la militance écologique. Parler, écrire sur la nature, montrer combien elle peut être source d’enthousiasme, d’émotions, d’intelligence, et parfois de consolation, je pense que c’est un peu contribuer à la préserver. Mon modèle en la matière reste Jean-Marie Pelt.
Vous vous adressez aux arbres par le biais du vouvoiement. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
À dire vrai, je n’y ai jamais réfléchi, cela m’est venu naturellement. Ils sont si grands, souvent si vieux, ils nous regardent de haut, et pourraient vivre sans nous. Si j’avais rencontré Éluard ou Picasso, il ne me serait pas venu l’idée de tutoyer ces maîtres. Je ne saurai jamais vraiment l’histoire de ces arbres, les épreuves qu’ils ont rencontrées, leurs relations singulières avec les vents et les saisons. Souffrent-ils ? Ont-ils une vie sociale ? C’est leur secret. Ce ne sont pas des amis, ils sont d’un autre monde, pourtant si proche, comme celui des artistes. Alors je les salue et les vouvoie.
Avez-vous rencontré des difficultés durant ce projet ?
La difficulté a été de mettre en ordre les notes que j’avais prises lors de mes parcours pédestres, car me remémorer les émotions de mon enfance, les bonheurs de mes rencontres, les odeurs et les bruissements des feuillages m’a été plutôt facile. J’ai souvent conçu des chroniques botaniques pour des magazines de nature ou de bien-être, aussi je connais l’exigence mais aussi le plaisir égoïste de l’écriture. Le faire alors sans les contraintes journalistiques a été pour moi une forme de jouissance.
Vous vous êtes lancé dans l’écriture de lettres pour les arbres mais, finalement, quel est le véritable destinataire de ces lettres ?
Finalement, c’est peut-être à l’enfant que j’ai été qu’elles sont destinées. Un de mes souvenirs profonds est le craquement des feuilles, d’érable il me semble, sous mes chaussures d’écolier, et j’avais le sentiment que cette sensation-là était importante. Retrouver un sens général à mes rencontres avec les arbres, qui, sans en avoir longtemps conscience, ont guidé ma vie. Je me rends compte d’ailleurs, à l’occasion de mes causeries botaniques, que beaucoup d’entre nous ont été marqués par différents arbres dans notre jeunesse. C’est également tous ces anciens enfants que je veux toucher.
Une œuvre artistique dans le domaine floral vous a-t-elle marqué dernièrement ?
Celle qui me vient spontanément est une œuvre de mon oncle, le graveur Louis-Roger, que l’on m’a offerte récemment. Elle est en noir et blanc, et pourtant elle évoque en moi un jaillissement de couleurs, un bouquet de vie. Il l’avait intitulée Fleurs d’artifice, bien qu’il n’ait pas cherché, je pense, une représentation figurative. Quand je la regarde, je ressens une forme d’étrange caresse, sensation que je retrouve en écoutant un air de Purcell, ou en entrant doucement sous la frondaison d’un hêtre, mon arbre de connivence.
J’écris presque quotidiennement des chroniques ou des fables autour du monde végétal, que ce soit à l’occasion de mes randonnées sur les sentiers de France, ou simplement en observant mon jardin. Je sens que mon devoir est de les partager, tant cet univers m’apporte du bonheur. C’est ma contribution à la militance écologique. Parler, écrire sur la nature, montrer combien elle peut être source d’enthousiasme, d’émotions, d’intelligence, et parfois de consolation, je pense que c’est un peu contribuer à la préserver. Mon modèle en la matière reste Jean-Marie Pelt.
Vous vous adressez aux arbres par le biais du vouvoiement. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
À dire vrai, je n’y ai jamais réfléchi, cela m’est venu naturellement. Ils sont si grands, souvent si vieux, ils nous regardent de haut, et pourraient vivre sans nous. Si j’avais rencontré Éluard ou Picasso, il ne me serait pas venu l’idée de tutoyer ces maîtres. Je ne saurai jamais vraiment l’histoire de ces arbres, les épreuves qu’ils ont rencontrées, leurs relations singulières avec les vents et les saisons. Souffrent-ils ? Ont-ils une vie sociale ? C’est leur secret. Ce ne sont pas des amis, ils sont d’un autre monde, pourtant si proche, comme celui des artistes. Alors je les salue et les vouvoie.
Avez-vous rencontré des difficultés durant ce projet ?
La difficulté a été de mettre en ordre les notes que j’avais prises lors de mes parcours pédestres, car me remémorer les émotions de mon enfance, les bonheurs de mes rencontres, les odeurs et les bruissements des feuillages m’a été plutôt facile. J’ai souvent conçu des chroniques botaniques pour des magazines de nature ou de bien-être, aussi je connais l’exigence mais aussi le plaisir égoïste de l’écriture. Le faire alors sans les contraintes journalistiques a été pour moi une forme de jouissance.
Vous vous êtes lancé dans l’écriture de lettres pour les arbres mais, finalement, quel est le véritable destinataire de ces lettres ?
Finalement, c’est peut-être à l’enfant que j’ai été qu’elles sont destinées. Un de mes souvenirs profonds est le craquement des feuilles, d’érable il me semble, sous mes chaussures d’écolier, et j’avais le sentiment que cette sensation-là était importante. Retrouver un sens général à mes rencontres avec les arbres, qui, sans en avoir longtemps conscience, ont guidé ma vie. Je me rends compte d’ailleurs, à l’occasion de mes causeries botaniques, que beaucoup d’entre nous ont été marqués par différents arbres dans notre jeunesse. C’est également tous ces anciens enfants que je veux toucher.
Une œuvre artistique dans le domaine floral vous a-t-elle marqué dernièrement ?
Celle qui me vient spontanément est une œuvre de mon oncle, le graveur Louis-Roger, que l’on m’a offerte récemment. Elle est en noir et blanc, et pourtant elle évoque en moi un jaillissement de couleurs, un bouquet de vie. Il l’avait intitulée Fleurs d’artifice, bien qu’il n’ait pas cherché, je pense, une représentation figurative. Quand je la regarde, je ressens une forme d’étrange caresse, sensation que je retrouve en écoutant un air de Purcell, ou en entrant doucement sous la frondaison d’un hêtre, mon arbre de connivence.