Interviews
Sur les hauts de Luc-en-Diois – Drôme (France)
Année 2009
© Philippe Lemonnier
Marie Chastel – Et pour cela préfère la pierre
propos recueillis par Émeric Fisset
Archives des interviews
Où est née votre passion pour la gravure sur pierre ?
Plus qu’une passion, c’est un mode de vie. Une histoire qui prend racine dans l’enfance et qui est liée à la montagne, au livre et à l’imaginaire. La montagne, c’est mon espace réel de liberté. L’imaginaire, mon espace rêvé de liberté. Mais ces deux ? territoires » sont très liés pour moi. Et puis il fut un moment où j’ai eu envie de partager mes univers de prédilection et j’ai choisi la gravure sur pierre comme moyen d’expression.
Pourquoi vous êtes-vous retirée dans la Drôme, dans le Diois ?
Grâce à la déesse sérendipité, au hasard heureux. En réalité, j’ai toujours eu besoin d’espace, de relief et de temps. Or, ici, l’espace est sauvage et puissant. C’est un petit coin du monde où les saisons sont très contrastées avec des hivers cristallins et des étés bienveillants. C’est un milieu où la nature est forte et diversifiée et une région qui, de surcroît, est humainement ouverte et accueillante. Quant au temps, j’ai le sentiment qu’ici, il m’est donné.
Vous semblez préférer aux pierres précieuses les pierres plus brutes, pour quelles raisons ?
Le Diois est une région principalement calcaire et j’aime travailler une pierre qui règne là où je vis. Je suis chez elle en quelque sorte alors je compose avec elle, je me laisse façonner par elle. Je l’appréhende comme une matière vivante qui me permet la compréhension d’un milieu, celui qui est devenu le mien. Pour moi, ça n’aurait aucun sens de travailler ici du granit breton ! J’aime le calcaire parce que c’est une pierre discrète, secrète, généreuse, dense et humble. Et puis, il faut prendre le temps de la découvrir et savoir s’attarder auprès d’elle. Si on est pressé, on ne voit pas grand-chose mais si on est patient alors elle se révèle. Dans le fond, j’aime toutes les pierres. Et pour moi, elles sont toutes précieuses.
Quelle nouvelle technique souhaitez-vous un jour expérimenter ?
Les techniques que je pratique me viennent de grands maîtres artisans. Mon outillage est très simple et me permet une grande liberté de mouvement et toute latitude dans mon travail. De ces techniques, j’ai encore énormément de choses à expérimenter mais? j’aimerais, un jour, apprendre l’escalade pour m’installer tranquillement dans une falaise inconnue et y réaliser une petite gravure in situ, une sorte de tatouage minéral, un motif qui ne serait visible que par les seuls oiseaux de passage.
Quel auteur vous a particulièrement marquée par sa manière de parler de la pierre, de la montagne ?
Je pense à Montagne sans frontières, un voyage photographique de Claude Gouron entre la Provence et le Piémont, soutenu par un récit de Pierre Lantelme. C’est un beau livre illustré de photos délicates qui mettent en relief la présence majestueuse de la montagne et la tendresse des hommes qui l’habite. Je pense aussi à Sur la trace de Nives d’Erri De Luca. C’est un texte superbe qui se déroule au cours d’une tempête lors d’une expédition himalayenne, sorte de huis clos au cours duquel un écrivain et une alpiniste conversent, se confrontent, échangent : une écriture qui se met au service de réflexions passionnantes et crée un écho en soi-même si on n’est ni alpiniste de haut niveau, ni écrivain hors pair.
Plus qu’une passion, c’est un mode de vie. Une histoire qui prend racine dans l’enfance et qui est liée à la montagne, au livre et à l’imaginaire. La montagne, c’est mon espace réel de liberté. L’imaginaire, mon espace rêvé de liberté. Mais ces deux ? territoires » sont très liés pour moi. Et puis il fut un moment où j’ai eu envie de partager mes univers de prédilection et j’ai choisi la gravure sur pierre comme moyen d’expression.
Pourquoi vous êtes-vous retirée dans la Drôme, dans le Diois ?
Grâce à la déesse sérendipité, au hasard heureux. En réalité, j’ai toujours eu besoin d’espace, de relief et de temps. Or, ici, l’espace est sauvage et puissant. C’est un petit coin du monde où les saisons sont très contrastées avec des hivers cristallins et des étés bienveillants. C’est un milieu où la nature est forte et diversifiée et une région qui, de surcroît, est humainement ouverte et accueillante. Quant au temps, j’ai le sentiment qu’ici, il m’est donné.
Vous semblez préférer aux pierres précieuses les pierres plus brutes, pour quelles raisons ?
Le Diois est une région principalement calcaire et j’aime travailler une pierre qui règne là où je vis. Je suis chez elle en quelque sorte alors je compose avec elle, je me laisse façonner par elle. Je l’appréhende comme une matière vivante qui me permet la compréhension d’un milieu, celui qui est devenu le mien. Pour moi, ça n’aurait aucun sens de travailler ici du granit breton ! J’aime le calcaire parce que c’est une pierre discrète, secrète, généreuse, dense et humble. Et puis, il faut prendre le temps de la découvrir et savoir s’attarder auprès d’elle. Si on est pressé, on ne voit pas grand-chose mais si on est patient alors elle se révèle. Dans le fond, j’aime toutes les pierres. Et pour moi, elles sont toutes précieuses.
Quelle nouvelle technique souhaitez-vous un jour expérimenter ?
Les techniques que je pratique me viennent de grands maîtres artisans. Mon outillage est très simple et me permet une grande liberté de mouvement et toute latitude dans mon travail. De ces techniques, j’ai encore énormément de choses à expérimenter mais? j’aimerais, un jour, apprendre l’escalade pour m’installer tranquillement dans une falaise inconnue et y réaliser une petite gravure in situ, une sorte de tatouage minéral, un motif qui ne serait visible que par les seuls oiseaux de passage.
Quel auteur vous a particulièrement marquée par sa manière de parler de la pierre, de la montagne ?
Je pense à Montagne sans frontières, un voyage photographique de Claude Gouron entre la Provence et le Piémont, soutenu par un récit de Pierre Lantelme. C’est un beau livre illustré de photos délicates qui mettent en relief la présence majestueuse de la montagne et la tendresse des hommes qui l’habite. Je pense aussi à Sur la trace de Nives d’Erri De Luca. C’est un texte superbe qui se déroule au cours d’une tempête lors d’une expédition himalayenne, sorte de huis clos au cours duquel un écrivain et une alpiniste conversent, se confrontent, échangent : une écriture qui se met au service de réflexions passionnantes et crée un écho en soi-même si on n’est ni alpiniste de haut niveau, ni écrivain hors pair.