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ĂŠtre un homme de science au Moyen Ă‚ge
par
le mercredi 14 novembre 2012 à 19 heures 30


Au Moyen Âge, l’homme de science – si tant est que cette expression ait quelque pertinence pour la période considérée – est d’abord un lettré. Il est la plupart du temps aussi bien « littéraire » que « scientifique », parfois non seulement par sa formation et ses lectures, mais dans sa production écrite. S’il sait distinguer tradition religieuse et savoir profane, l’Ancien et le Nouveau Testament font partie des références qui viennent facilement sous sa plume, tapissent son imaginaire et balisent sa réflexion morale et métaphysique. Sous ces traits communs se discernent des profils variés parmi ceux qui, de manière épisodique ou continue, se sont intéressés à une ou plusieurs des disciplines que nous qualifions aujourd’hui de « scientifiques » : la science du vivant, l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie, etc. À travers l’évocation de figures qui ont marqué cette longue période, comme Bède le Vénérable qui dès le VIIIe siècle en Northumbria s’intéressa aux marées, le dominicain Albert le Grand qui, à Paris et à Cologne, traita résolument des phénomènes « selon la nature », c’est-à-dire hors du cadre divin, le franciscain Roger Bacon qui imagina à Oxford moult inventions optiques à la croisée de la science et de l’utopie pour défendre la chrétienté contre l’Antéchrist ou, enfin, le médecin Mondino de Luzzi qui, au début du XIVe siècle à Bologne, se livra à la dissection de cadavres en dépit de l’interdit papal, se découvrent les motivations qui ont suscité leur curiosité et nourri leur inventivité, avec toute la diversité des temps, des contextes et des personnalités.


Danielle Jacquart est titulaire de la direction d’études en « histoire des sciences au Moyen Âge » à l’École pratique des hautes études (section des sciences historiques et philologiques). Elle est l’une des meilleures spécialistes de la science et de la médecine médiévales, latines et arabes. Ses travaux ont porté sur toutes leurs facettes – étude des institutions, de la transmission des textes et des doctrines – et se sont étendus à l’ensemble du savoir scientifique médiéval.



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Livre de l’intervenante en rapport avec cette conférence :
La Médecine médiévale dans le cadre parisien (XIVe-XVe siècle) (Fayard, coll. « Penser la médecine », 1998)


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