Le tour du monde en stop
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Depuis une trentaine d’années, l’ouverture des frontières et le fort développement du transport aérien aidant, le nombre de touristes à travers le monde n’a cessé de croître. Selon l’Organisation mondiale du tourisme, celui-ci était de 300 millions en 1980. Trois décennies plus tard, il a augmenté de plus de 233 % pour atteindre plus d’un milliard.
Ce développement semble le fruit de tous les types de touristes, sans distinction : adeptes du luxe sautant d’un hôtel Hilton à un Marriott ou un Hyatt, backpackers sortis d’un bus bondé et gagnant une auberge de jeunesse, cyclotouristes sublimés par l’ascension des cols de la cordillère des Andes ou de l’Himalaya, ou encore croisiéristes découvrant le charme des villes portuaires. Tous les types, sauf les auto-stoppeurs. Jadis présents à peu près sur chaque route nationale ou sur chaque autoroute, de l’Europe à l’Amérique du Nord en passant par les chemins de Katmandou, les auto-stoppeurs représentaient, il y a encore une trentaine d’années, une mode, un art de vivre même pour certains.
Dans son livre La Terre n’est qu’un seul pays, André Brugiroux, stoppeur émérite, raconte avoir parfois dû intégrer une file d’attente de stoppeurs tant ceux-ci étaient nombreux et tant la « concurrence » était rude. Avec la volonté d’économiser quelques sous, de rencontrer les populations locales ou par simple goût de l’aventure, les auto-stoppeurs étaient légion. Aujourd’hui pourtant, ils ont presque tous disparu de la circulation. Pourquoi ? Culture de l’individualisme grandissant ? Peur de l’autre agitée par des médias amateurs de sensationnalisme ? Routiers moins sympathiques ? Compagnies de transport plus strictes avec leurs chauffeurs ? Goût de l’aventure moins prononcé ? Multiplication des véhicules ? Les hypothèses qui justifient le déclin du nombre d’auto-stoppeurs sont pléthore. Le stop a connu des jours meilleurs, cela ne fait aucun doute, mais il serait erroné de vouloir l’enterrer…
Né en 1977, Ludovic Hubler illustre le renouveau du stop. À l’âge de 25 ans, avec son master d’école de commerce en poche, il décide de vivre son rêve, de sortir de sa bulle, de faire un tour du monde en utilisant le stop sous toutes ses formes comme unique moyen de transport. C’est pour lui une étape nécessaire, presque logique, entre la fin de ses études et le début de sa vie professionnelle, une sorte d’épreuve de la route où ses professeurs ne sont plus dans des salles de classe mais au volant de leur voiture, camion, bateau, etc.
Suivant le conseil de Paulo Coelho dans L’Alchimiste, il quitte le foyer familial pour « vivre sa légende personnelle ». Et que cette légende est belle ! Cinquante-neuf pays, 170 000 kilomètres parcourus via les services de plus de 1 300 conducteurs, des milliers de rencontres merveilleuses avec, parmi les plus marquantes, celle du dalaï-lama qui l’a reçu à Dharamsala ou celle des milliers d’étudiants de tous les horizons avec qui Ludovic a partagé son parcours.
De la traversée des océans Atlantique et Pacifique en « voilier-stop » au séjour en Antarctique rejoint en « brise-glace-stop », en passant par la traversée de pays réputés dangereux tels l’Afghanistan ou la Colombie ou encore de déserts comme le Sahara, Ludovic a durant cinq années testé son pouce dans toutes les situations possibles et imaginables.
Ce tour du monde de cinq ans lui a ainsi permis de partager la vie quotidienne des populations aborigènes d’Australie, des moines bouddhistes thaïlandais, des enfants des bidonvilles du Honduras et de Calcutta, mais aussi de rencontrer plus de 50 000 étudiants à l’occasion de 350 conférences prononcées à travers le monde.
En savoir davantage sur :
Livre de l’intervenante en rapport avec cette conférence :
Le Monde en stop, Cinq années à l’école de la vie
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