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Les Inuit face au changement climatique
par
le mercredi 20 février 2008 à 20 heures 30
En partenariat avec l’association Inuksuk



L’Arctique est la région du globe qui subit le plus fort réchauffement depuis plusieurs décennies. Les impacts sur l’environnement sont visibles, parfois depuis l’espace comme la diminution de la superficie de la banquise permanente de l’océan Glacial. Les peuples du Grand Nord, et parmi eux les quelque 150 000 Inuit, répartis en Tchoukotka, en Alaska, au Canada et au Groenland, sont naturellement affectés par les changements environnementaux. Les Inuit vivent au nord de la ligne des arbres, dans des communautés généralement situées sur le littoral car dépendant des ressources en mammifères marins. Ces dernières années des chasseurs inuit sont morts noyés parce que la glace de mer sur laquelle ils se déplaçaient s’est brisée. D’autres ont été emportés au large lors d’une débâcle précoce ou accidentelle de la banquise côtière. En Alaska, des communautés du détroit de Béring sont menacées par l’érosion littorale et doivent déplacer leurs habitations, voire abandonner leur village comme les habitants de Shishmaref, ce qui est souvent ressenti comme un drame. Le dégel du pergélisol endommage les infrastructures, augmentant les dépenses d’entretien des routes et des aérodromes. La faune est également affectée. Certains troupeaux de caribous et de bœufs musqués sont décimés lorsque les mousses et lichens dont ils se nourrissent, pris dans une gangue de glace due aux pluies verglaçante, deviennent inaccessibles. La pratique de la chasse devient difficile, dangereuse, parce que les changements de temps sont moins prévisibles, parce que la banquise est moins sûre, parce que le gibier n’emprunte plus les mêmes itinéraires de migration. Or le peuple inuit est un peuple de chasseurs. La pratique de la chasse permet de perpétuer les traditions. Elle procure la viande nécessaire à une bonne santé physique et morale. Elle permet de limiter l’achat de denrées alimentaires extérieures. Elle procure des peaux utilisées pour la confection de vêtements ou de lanières. Elle permet également de parcourir le territoire, de se l’approprier, de rester à l’écoute de la nature, et parfois d’entrer en contact avec des entités surnaturelles. Elle fait appel à de nombreux savoirs, tant sur la faune, que sur la neige, la banquise, l’atmosphère. Des savoirs essentiels qui ne se transmettent que par l’observation et la pratique. C’est en ce sens que le changement climatique menace la culture inuit. Les Inuit en sont conscients. Leurs représentants s’expriment sur la scène internationale, et interpellent les habitants des pays industrialisés pour qu’ils réduisent au plus vite leurs émissions de gaz à effet de serre, responsables, d’après les spécialistes, du réchauffement actuel.


Pierre Taverniers est météorologiste, diplômé de l’Inalco en langue et culture de l’Arctique. En 1987-1988, il a partagé la vie quotidienne d’une famille inuit, dans la modeste localité groenlandaise de Qeqertaq, en baie de Disko, isolée par la banquise la majeure partie de l’année. Aujourd’hui, la banquise a quasiment disparu dans cette région, aussi Pierre Taverniers témoigne-t-il des changements profonds, matériels et culturels, qui affectent cette communauté. Il témoigne également des observations et réactions des Inuit d’Alaska, du Canada et du nord du Groenland qu’il a rencontrés dans le cadre de ses études ou lors de ses voyages ultérieurs.



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