La nature farouche du Kamtchatka
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Combien y en a-t-il donc, au Kamtchatka, des ours bruns ? D’aucuns prétendent qu’ils seraient 8 000 ; d’autres, 12 000, voire 15 000. Ce qui est certain, c’est que, sur les 470 000 kilomètres carrés de cette péninsule eurasiatique, il faudrait que le marcheur soit aveugle pour ne pas les voir. Herbes couchées par leur passage, écorces arrachées par leurs griffes ou du fait de leurs rages de dents, saumons incomplètement dévorés, étrons filandreux… le frère sauvage de l’homme est omniprésent. Et, plus encore que le marcheur, le naturaliste décèle partout sa présence. Et plus encore que le naturaliste, le photographe reste à son affût pour en rapporter les plus extraordinaires images.
Thierry Magniez, enseignant en sciences et vie de la Terre, s’est immergé dans la farouche nature kamtchadale, dont il a photographié tant la faune marine que terrestre. Son premier voyage au Kamtchatka remonte à l’été 2009. Il y séjourne un mois et demi, dont quinze jours sur la plus vaste des deux îles du Commandeur, en mer de Béring, dans le but d’observer et de réaliser des images de la biodiversité de ce paradis pour le renard polaire, l’otarie à fourrure, le macareux huppé, la loutre… Puis, avec un équipier, il randonne dans le parc Nalytchevo, autour de l’estuaire du fleuve éponyme, et sur les rives du lac Nachikinskoï, au sud de Nachiki. Ces escapades à proximité de Petropavlovsk, le chef-lieu du Kamtchatka, lui ont permis d’observer le rôle des ours bruns dans leur milieu.
Thierry Magniez y retourne en 2010, à nouveau durant un mois et demi mais seul, avec pour but de comprendre le rôle et l’évolution des populations de saumons. Aux 13 kilos de vivres et de matériel de camping entassés dans son sac à dos, il a ajouté 12 kilos de matériel photo (un boîtier D3, un boîtier D300s et pas moins de sept optiques) pour randonner non loin d’Ust-Kamtchatsk, dans la région du lac Azabachi, le long de la rivière Opala et du fleuve Nalytchevo. Ces expériences kamtchadales ont marqué Thierry Magniez au point qu’il envisage une nouvelle immersion dans la nature de la péninsule à l’été 2011. Comment, en vérité, pourrait-il oublier les cinq jours durant lesquels il a côtoyé un ours dans la toundra, et les deux longues heures passées à seulement quatre mètres de l’animal, couché dans l’herbe ? Et comment ne pas s’exalter devant les allées et venues d’un renard argenté, le frai des saumons, la valse des macareux, le jeu ou les combats des ours ?
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