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Iran : un hommage au peuple baloutche
par &
le jeudi 7 janvier 2010 à 20 heures 30


Le Baloutchistan se partage entre l’Iran et le Pakistan, et se prolonge, au moins sur le plan ethnolinguistique, par la partie méridionale de l’Afghanistan. Avec pour capitale Quetta au Pakistan, il s’étend à l’ouest de la vallée de l’Indus tout le long du sud de l’Helmand afghan : on dénombre 2,5 millions de Baloutches pakistanais qui, avec 2 millions de Pathans et de Brahuis, vivent sur un territoire aride qui représente la moitié de la superficie d’une nation de 150 millions d’habitants. Avec pour capitale Zahedan en Iran, le Sistan-o-Balouchestan s’étend au sud-est du pays et en constitue l’une des trente provinces : divisée entre le Sistan au nord et le Baloutchistan au sud, cette dernière rassemble une population de 2,1 millions d’habitants. Toute la région, bordée au sud, le long du golfe d’Oman, par le désert de Makran, est l’une des plus sèches de la zone, déjà réputée pour son aridité. Elle est de surcroît sujette à de forts vents saisonniers, de directions variées.
Les origines du peuple baloutche sont obscures ; on estime que c’est à partir du XIe siècle que se développe la communauté ethnolinguistique baloutche. La langue en est le baloutchi, une langue indo-aryenne dont les deux principaux dialectes sont le soleimani et le makrani. En 1990, on estimait qu’elle comptait 4 millions de locuteurs.
Les Baloutches se répartissent en dix-huit grandes tribus, plus un grand nombre de petites tribus, les principales étant les Marri, les Bugti et les Bizenjo. À l’origine, les territoires baloutches étaient peuplés de tribus nomades autonomes, vivant en autarcie, sans aucun lien administratif. Une organisation en clans, dans un système semi-féodal encore en vigueur aujourd’hui, entraînait des conflits incessants et destructeurs pour la possession des pâturages. Après diverses alliances visant à établir la paix entre les clans, Nasir Khan Baloutche réussit, en 1730, à établir son autorité sur la quasi-totalité de ce qui est l’actuel Baloutchistan. Mais, à sa mort en 1795, le khanat de Kalat, entre Quetta et Karachi, se désintègre en plusieurs principautés souveraines ; c’est à cette époque que se développe le système « sardari », organisation tribale qui perdure aujourd’hui.
Chaque tribu (touman) se compose de plusieurs clans placés sous la tutelle d’un chef, le sardar. Ce dernier assoit son autorité en maintenant sa tribu isolée et en entretenant les antagonismes existants. Les Baloutches, Iraniens ou Pakistanais, conservent ainsi une relative autonomie à l’intérieur de leurs pays d’appartenance respectifs, en ce qu’ils sont avant tout sous l’autorité de leur sardar.
Si les Baloutches sont par tradition nomades, beaucoup d’entre eux se sont sédentarisés ; devenus paysans cultivateurs ou éleveurs, ils ont abandonné la tente noire traditionnelle pour se regrouper en villages, composés de maisons en brique crue et en torchis. Les cultivateurs ont cependant conservé des techniques très archaïques dans leur travail, reposant sur les karez d’irrigation, ainsi qu’un artisanat important principalement représenté par le tapis et la broderie – notamment des robes à miroirs –, qui révèlent encore l’isolement ancestral.


Brigitte Colette traverse une première fois l’Iran dans les années 1970 quand elle rallie l’Inde par la route. Elle s’y rend chaque année depuis 1997 et participe activement au programme culturel « Lettres persanes » à Paris.
Stéphane Dudoignon étudie depuis des années les mouvements de réforme et de modernisation de l’islam en Asie centrale, au Moyen-Orient et dans le Caucase. Il a notamment vécu à Tachkent (Ouzbékistan) et à Kazan (Tatarstan, Russie). Depuis 2007, il s’intéresse plus particulièrement au djihad et aux renouveaux sunnites en Iran. Marié à une Iranienne, il maîtrise le persan, le turc, l’ouzbek, l’azerbaïdjanais et le russe.



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Livre des intervenantes en rapport avec cette conférence :
Voyage au pays des Baloutches, Iran, début du XXIe siècle


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