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Le lac Atitlán, au Guatemala
par
le jeudi 2 octobre 2008 à 20 heures 30


Situé dans les hautes terres à trois heures de Guatemala, la capitale guatémaltèque, le lac Atitlán est bordé, à 1 562 mètres d’altitude, par trois volcans endormis : le Toliman, l’Atitlán et le San Pedro. Ses rivages méridionaux sont peuplés par les Tz’utujil et les rives septentrionales sont habitées par les Cakchiquel tandis que sur la route qui va du lac à Antigua, la deuxième ville du pays, les vestiges archéologiques sont nombreux : notamment les ruines d’Iximché, l’ancienne capitale du royaume cakchiquel.
Autour du lac, les traditions sont préservées. Les communautés riveraines ont conservé leurs rites, les tenues vestimentaires qui les distinguent les unes des autres, et la pêche constituent encore pour elles une ressource essentielle. Toutefois, la majorité des Mayas guatémaltèques sont des paysans qui survivent attachés à leur lopin de terre. Leur vie souvent misérable les contraint à travailler comme saisonniers dans les exploitations de coton, de café ou de canne à sucre des grands propriétaires terriens de la côte Pacifique ou dans les bananeraies de la United Brands Co.
Il se dit que le lac Atitlán est le cœur du monde maya guatémaltèque et le berceau des « hommes maïs », en raison du caractère sacré de cette céréale sud-américaine. Selon la légende en effet, les créateurs, Tepeu et Gucumatz (le serpent à plumes, célèbre dieu maya) donnèrent vie aux animaux et aux fleurs mais furent désespérés qu’aucun d’eux ne sache prononcer leur nom ni les adorer. Ils décidèrent donc de créer des êtres intelligents. Avec de la boue, ils façonnèrent le premier homme mais celui-ci tenait à peine debout, et était dépourvu d’intelligence. Les dieux l’anéantirent pour en tailler un autre dans le bois. Ce dernier parvint à parler mais n’acquit jamais ni âme ni esprit. Son visage était dénué d’expression, le sang n’irriguait pas ses veines et sa chair se fissurait avec le temps. Alors, les dieux firent tomber une pluie noire jour et nuit jusqu’à ce que cette engeance disparaisse. Ses descendants sont les singes qui vivent aujourd’hui dans les forêts. Tepeu et Gucumatz créèrent ensuite le premier père et la première mère. Leur chair avait la couleur jaune et blanche du maïs, tandis que leurs bras et leurs jambes étaient faits d’une pâte extraite de cette céréale. Ces êtres humains étaient intelligents et, de surcroît, ils pouvaient voir et contempler le Ciel et la Terre. Ils remercièrent Tepeu et Gucumatz de les avoir créés en leur vouant un culte éternel.
Parmi les nombreuses autres légendes attachées au lac, l’une d’elles affirme que ses eaux abritent le palais d’une impératrice, et une autre que la cuvette lacustre a été remplie par les pleurs d’une femme, qui a laissé son nom au village riverain de Santa Catarina. Une troisième légende raconte que le lac appartenait exclusivement aux Tz’utujil jusqu’au jour où un empereur cakchiquel s’immergea dans les eaux. Lorsqu’il refit surface, il avait pris l’apparence de Gucumatz. Selon les écrits cakchiquel, « l’eau devint sombre, un vent du nord se mit à souffler violemment et un gigantesque tourbillon vint troubler la surface de l’eau. » Effrayés, les Tz’utujil se soumirent aux Cakchiquel, leur cédèrent la moitié des rives du lac et leur offrirent bambous, canards, crabes et poissons.nuwal – les ancêtres déifiés. Au sud du lac, on trouve Santiago Atitlán, qui est devenu touristique mais où se perpétuent les rites syncrétiques du catholicisme maya. Les habitants y conservent un mode de vie typiquement tz’utujil. On y vénère Maximon, croisement d’un dieu maya, d’un conquistador espagnol et du Juda de l’Évangile… On lui demande des faveurs en échange de cigarettes, d’alcool et d’encens. L’essor récent de son culte s’expliquerait comme une réaction aux mouvements évangéliques qui se développent au Guatemala.


Patrick Profit a fondé en 2001, avec Isabelle Wayaffe et Pascal Veiland, la société Atmosphère Production, qui se consacre au documentaire de connaissance et découverte. Chacun des films d’Atmosphère Production propose de voyager hors des sentiers battus, de découvrir des modes de vie sans à priori et d’aller à la rencontre de l’autre. Depuis 2005 la société privilégie la haute définition, notamment au travers de documentaires comme Flore et le lac Atitlán ou Ouzbékistan, La vallée du Ferghana.



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