Au Tibet, avec les nomades khampa
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Plateau semi-aride de 600 000 km2 et d’une altitude moyenne de 4 000 m, dentelé au sud et à l’ouest par les pics et glaciers de l’Himalaya et du Pamir, au nord par les crêtes des Kunlun ainsi que par la morne dépression du Tarim, et à l’est par les fertiles plaines semées de riz de la Grande Chine, le Tibet a longtemps échappé à l’appétit d’exploration des Occidentaux. Fascinés par ses populations nomades de religion bouddhiste ainsi que par sa capitale, Lhasa, et le Potala qui abritait des lamas par milliers, nombre d’aventuriers et de missionnaires s’y sont taillé un nom : Sven Hedin, Nikolaï Prjevalski, Gabriel Bonvalot, Régis-Évariste Huc, Alexandra David-Néel, Henri d’Ollone, Ella Maillart, Heinrich Harrer et bien d’autres encore… Aujourd’hui, après un demi-siècle d’oppression chinoise féroce, ce monde culturel et spirituel est toujours en liberté surveillée. Pourtant, depuis une dizaine d’années, la culture tibétaine reprend peu à peu ses droits au Kham, région orientale du Tibet, autour de la ville de Chamdo.
Les immenses solitudes ponctuées de cavaliers trottant dans la brume, de troupeaux de yacks esseulés et de tentes de nomades au milieu de pâturages isolés sont toujours là . Aux cols, les drapeaux à prières claquent à nouveau dans le vent et les monastères s’animent au son des trompes et des tambours qui rythment les prières et les danses de tsam. Dans leurs refuges d’hiver, à l’abri du vent glacial, les nomades filent et tissent la laine de yack, réunis autour du fourneau pour discuter en se partageant le thé au beurre et la tsampa (galette de farine d’orge grillée).
Les nomades khampa, fidèles à leurs traditions, ont aujourd’hui repris leurs transhumances ancestrales avec leurs troupeaux de yacks et de chevaux. Par ailleurs, chaque tribu possède son propre monastère où, inlassablement, moines et laïcs impriment des textes sacrés et font tourner les moulins à prières. Grands espaces, vie traditionnelle, pratiques religieuses et fêtes restent les meilleures défenses contre la déculturation programmée.
Grand voyageur mais aussi photographe et réalisateur, Louis-Marie Blanchard s’est essayé au photoreportage en s’attaquant d’abord aux hautes vallées savoyardes avant de partir explorer les Pyrénées, le Pérou, la Chine et le Tibet oriental. Des montagnes françaises aux vallées reculées des Andes et de l’Himalaya, il a publié ses reportages dans GEO, Terre sauvage, Trek Magazine, Grands Reportages, Le Monde. Une douzaine de séjours au Tibet, en hiver comme en été, lui ont permis d’approfondir sujets et itinéraires, pour mieux faire partager sa passion pour le Toit du monde.
C’est ainsi qu’à la suite des grands explorateurs, dont il a lu tous les récits, Louis-Marie Blanchard s’est attaché aux plateaux de Haute-Asie. Il arpente le Tibet depuis une quinzaine d’années et se passionne tant pour l’histoire des voyages que pour l’actualité des populations nomades et sédentaires qui vivent sur ces terres d’altitude. C’est à ce titre qu’il a pu notamment filmer la vie quotidienne, les fêtes, les migrations et les pèlerinages des nomades khampa, peuple fier qui lutte avec énergie pour préserver son identité. Les Tibétains étant très attachés à l’esthétique et à la symbolique des objets, Louis-Marie Blanchard s’est aussi intéressé à l’artisanat dans la vie quotidienne – étoffes, vaisselle, mobilier peint –, dans le culte – statues de Bouddha, cloches des stupas, moulins à prières, masques – et lors des fêtes – sabres, bijoux – pour montrer le lien qui existe, dans ce berceau du bouddhisme, entre les activités religieuses et laïques.
Pour découvrir les plateaux tibétains, il faut disposer de temps, de chevaux ainsi que d’un guide – celui de Louis-Marie Blanchard se nomme Patchen. Le film Tibet, Les cavaliers du vent suit Patchen, Dela et Tenton qui, à l’occasion du nouvel an, décident d’accomplir un pèlerinage autour du mont Zhara Lhatse, « pilier du ciel et clou de la terre, protecteur des hommes et des bêtes ». Cette réalisation a obtenu le prix du meilleur film de reportage de voyage au festival de Blois en 2002 et au festival de Rennes en 2003.
Louis-Marie Blanchard est, avec sa fille Élise et son fils Thomas, notamment auteur de : Sur les traces des grands voyageurs en Chine, au Tibet et en Asie centrale (Ouest France, 2005), L’Artisanat du Tibet (Hermé, 2005), Tibet, le peuple nomade (Hermé, 2004) et Tibet, les cavaliers du vent (Ouest-France, 2002).
En savoir davantage sur :
Livre de l’intervenante en rapport avec cette conférence :
Sur les traces des grands voyageurs en Chine, au Tibet et en Asie centrale (Éditions Ouest France, 2005)
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