Sur les hauts plateaux du Karnak, à plus de 4 600 mètres d’altitude – Ladakh (Inde)
Année 2010
© Maximilian Essayie
Née à Briançon en 1976, Marianne Chaud est originaire de Puy-Saint-Vincent, dans les Alpes. C’est là, dans son bastion familial au sud du massif des Écrins, qu’elle a grandi et réside, s’adonnant à l’alpinisme et à l’escalade, passions qui ne l’ont pas quittée. À 14 ans, elle part découvrir d’autres montagnes : celles du Haut-Atlas marocain, où elle participe à une mission humanitaire.
En 1996, à 20 ans seulement, Marianne Chaud voyage en Inde et développe une curiosité et une attirance immenses pour ce pays ; aussi prépare-t-elle, en parallèle à ses études de lettres modernes, un diplôme d’études indiennes et apprend-elle l’hindi, la langue nationale. En 1998, elle séjourne une année entière à Bombay, dans une famille indienne, pour réaliser son mémoire de maîtrise sur les théâtres folkloriques indiens. Au cours de ce séjour, elle voyage dans l’Himalaya, découvre la culture bouddhiste et décide de centrer ses études doctorales à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris sur une région de l’Himalaya indien : le Ladakh-Zanskar.
En 1999, Marianne Chaud sillonne pendant six mois les vallées de ces anciens royaumes bouddhistes. De village en village, de maison en maison, elle collecte des informations sur le théâtre populaire ladakhi. Commencent alors une immersion profonde dans cette région et un attachement très fort pour cette culture et ces habitants. Pendant sept ans et la rédaction de sa thèse sur la relation de l’homme zanskari à son territoire, elle y retourne chaque année, de quatre à six mois, à toutes les saisons. Habitant chez des familles, elle apprend la langue locale – un dialecte tibéto-birman –, adopte les règles et les comportements autochtones, participe aux travaux agricoles et domestiques, observe et questionne, inlassablement. En s’intégrant dans des villages, elle tisse des liens affectifs et son intérêt intellectuel pour cette région s’enrichit peu à peu d’une véritable expérience personnelle. Les habitants lui donnent le prénom ladakhi d’Angmo, qui signifie ? Celle qui est capable d’agir », et il lui semble parfois avoir toujours vécu parmi eux.
En France, souhaitant faire partager son goût et sa connaissance pour le Ladakh-Zanskar, Marianne Chaud donne des conférences. En 2004, elle participe en tant que spécialiste scientifique à l’émission Ushuaïa-Nature sur le Ladakh. Aux côtés de Nicolas Hulot, elle explique les fondements du bouddhisme, le mode de vie des nomades et des villageois ladakhis.
En 2005-2006, Marianne Chaud travaille avec une maison de production française, Zoologic and Ethnologic Documentary (ZED), à la réalisation d’un documentaire sur la vie des femmes au Zanskar. Coauteur du projet et assistante de réalisation, elle se passionne pour l’élaboration de ce film dont le sujet la touche particulièrement. Devenir une femme au Zanskar a été diffusé sur France 5 en mai 2007. Ce premier tournage lui fait prendre conscience de la richesse des images pour rendre compte des complexités culturelles, aussi décide-t-elle de réaliser seule un autre documentaire.
De juillet à octobre 2006, Marianne Chaud retourne au Zanskar, dans le village de Sking. Équipée d’une caméra et d’un micro, elle filme seule le déroulement des moissons ainsi que l’évolution des relations qu’elle noue avec les villageois. Ce documentaire, Himalaya, la terre des femmes, produit aussi par ZED, est diffusé sur Arte en juillet 2008. L’année suivante, elle réalise Himalaya, le chemin du ciel, qui remporte le même succès d’audience et est nominé aux Césars du film documentaire 2010.
À l’issue d’un nouveau tournage de six mois avec les derniers nomades des hauts plateaux du Karnak, dans le sud-est du Ladakh, Marianne Chaud est revenue en novembre 2010 pour monter le film La Nuit nomade, qui sortira en salle le 4 avril 2012.