Olivier Griette

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À Paris dans le XIIe arrondissement – Île-de-France (France)
Année 2023
© Olivier Griette
Enseignant d’anglais.

Le narrateur entre en lice :


« Au-delà du rideau et d’une porte massive, l’arrière-boutique se présentait comme un petit salon où se négociaient sans doute les transactions plus confidentielles. Il y flottait un curieux mélange d’odeur de tabac froid et de parfum douceâtre à l’eau de rose.
Quatre murs blancs éclairés par une unique ampoule tombant du plafond, aucune fenêtre, une simple table basse octogonale, plusieurs fauteuils et une sorte de divan-lit recouverts de tissu beige : un décor nu, le contraire absolu du magasin. Rien ne devait distraire le client, le collectionneur déterminé à assouvir sa passion.
George referma soigneusement la porte, me désigna un fauteuil et s’installa lui-même sur le divan, dos contre le mur. Il baissa la voix et ajouta, sans que je sache s’il plaisantait ou non :
— Toujours le dos au mur. Une vieille habitude de conspirateur…
Il tendit la main vers la table où se trouvait un étui à cigarettes, des “Kyriazi Frères”. Le couvercle métallique représentait la célèbre danseuse en train de souffler sa fumée dans les naseaux d’un lion qui plissait les yeux de contentement… L’illusion de la réclame, certes, mais aussi le goût du risque, le mensonge de l’art et la réalité du faussaire, un surprenant raccourci de la vocation de George.
— Vous fumez ?… Non, évidemment. J’aurais dû m’en douter. Moi, pas beaucoup, mais vous savez ce que c’est, au Caire. Ici, pour négocier, palabrer… pas de narguilé ou pas de cigarettes, pas d’affaires !
Il me parlait si naturellement, m’enveloppait d’une telle bienveillance que je ne parvenais ni à m’impatienter de ses détours continuels ni à m’irriter de la manière dont il m’avait espionné. Comment connaissait-il mon nom, mon adresse, mon travail ?… »


Extrait de :

Le Faussaire du Caire
(p. 110-111, Transboréal, 2024)

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