Jean-Louis Boudart

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Le balcon de la Mescla – Alpes-de-Haute-Provence (France)
Année 2021
© Jean-Louis Boudart
Ancien reporter de presse et d’image. A descendu la Loire à vélo.

Prologue :


« La campagne française est belle. Bocages, villages et forêts se succèdent. Dans quelle région se trouvent les coureurs ? Je vois une grande rivière au loin qui brille sous le soleil. Serait-ce la Loire ? Mon esprit se met à vagabonder sur les routes de France. Enfermé dans un corps devenu trop faible, je suis incapable de relever seul le dossier de mon lit médicalisé pour manger. De toute façon, je n’ai aucun appétit. Comme une image crépusculaire de ma propre existence, la lumière du jour décline elle aussi ; il commence à faire sombre. Ce sera encore une nuit sans sommeil, ponctuée par mes douleurs au ventre, mon angoisse, les râles de mon voisin, les allées et venues des infirmières, les lumières violentes, les cris plaintifs de la chambre voisine et mon chagrin, comme un gouffre infini. Jamais plus je ne parviendrai à retrouver mes forces. Celles qui me faisaient aller au bout du monde et gravir des montagnes. J’aimerais tant sortir d’ici, me sentir à nouveau libre et vivant. Je songe à la Loire de mon enfance. À toutes mes escapades à bicyclette le long de ses berges. Une pensée folle traverse alors mon esprit. Si le cancer avait la délicatesse de m’octroyer un sursis, de m’épargner peut-être, et si l’énergie me revenait suffisamment pour animer à nouveau mes jambes et faire battre mon cœur, je me fais la promesse de repartir un jour à vélo. Comme les petits hommes en couleurs qui courent sur le mur blanc. Et je suivrais la Loire, le plus long fleuve de France, depuis sa source jusqu’à l’océan. Oui, ce serait bien de pouvoir réaliser ce rêve et j’esquisse un sourire à cette pensée. Mais à cet instant, plongé dans l’obscurité de la nuit qui a envahi ma chambre d’hôpital, je doute d’y parvenir un jour. »


Extrait de :

La Loire en roue libre
(p. 12-13, Transboréal, « Voyage en poche », 2022)

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