Caravansérail de Tash Rabat – Tian Shan (Kirghizistan)
Année 2019
© Léopoldine Desprez
Épilogue :
« Vivre. Pendant cette aventure, nous avons par moments eu l’impression de survivre dans une nature impitoyable. Mais nous avons découvert que notre corps est un allié fidèle quand il est guidé par le mental. Nous avons alors plongé en nous, nous avons combattu l’impatience, la peur, le désespoir, la tristesse, la douleur, le froid, la faim. Nous avons mené bataille contre la petite voix qui nous susurrait que c’était impossible. Nous avons découvert des ressources insoupçonnées en nous. Puis la peur s’est effacée devant la joie de vivre pleinement chacune de ces 10 540 800 secondes. Plus rien ne semblait pouvoir stopper notre course.
Une fois libérées du carcan de nos peurs, nous avons goûté à la liberté tant désirée. Mettre un pied devant l’autre, avancer pas à pas, naturellement. Peu importait la direction ! Nous échappions au temps pour rejoindre l’essentiel. Le rêve est devenu éveillé.
En épousant ce quotidien de marcheuses et de cavalières, nous avons avancé au rythme de nos chevaux. Tantôt à deux temps lorsque nous marchions à leurs côtés, tantôt à quatre temps lorsque nous étions sur leur dos. Une mesure lente, régulière, dense. En funambules, sur la corde de notre aventure, nous avons appris l’art de la vie vagabonde, cherchant l’équilibre subtil entre le goût de l’effort et le besoin de réconfort, l’amour du risque et l’appel de la raison, le désir d’autonomie et l’envie d’accepter l’inconnu. »
Cavalières, La chevauchée kirghize
(p. 230, Transboréal, ? Sillages », 2022)