Ultime élévation :
« Oh ! combien la sagesse de l’homme et les appareils scientifiques, les petites colonnes de mercure qui montent et qui descendent, les boîtes à vide qui se dilatent et se contractent, le piolet qui ébrèche les plus hautes roches, la boussole qui indique la position des glaciers et des arêtes, tout l’équipement hypsométrique, géologique et géodésique, semblent pitoyablement faibles et puérils face à la majesté des montagnes. Prenez-les tous ensemble, portez-les en haut de l’à-pic et, lorsqu’ils ont été installés là, lus, relevés et utilisés, demandez-vous ce qui convient le mieux à toute la scène – leurs mesures ? ou cet hymne simple et ancien : “À toi, Dieu, notre louange ! Le ciel et la terre sont remplis de Ta gloire !” De là où nous étions et voyant ce que nous voyions, quelle chose étonnante que des hommes puissent déduire de leurs observations telle ou telle loi et être incapables de reconnaître le Grand Artisan ; qu’ils puissent associer tel effet à telle cause première et rester aveugles à la cause suprême de toutes les causes ; qu’ils puissent dire “c’est la vie du glacier, quelle merveille à nos yeux”, et ne pas voir Celui qui “affermit les montagnes par Sa force et est ceint de puissance”, dont les glaciers, la neige et la glace sont les serviteurs, à qui “feu et grêle, neige et brouillards, vents impétueux” obéissent ; qu’ils puissent exulter dans l’exercice de leur propre intelligence à manier les jouets construits par celle-ci et pourtant nier l’omniscience qui les dota d’un minuscule fragment de Lui-même ! »
Quatre hommes au sommet, L’ascension du Denali, en Alaska
(p. 130-131, Transboréal, ? Voyage en poche », 2015)