Au bord de la Volga à Samara – district de la Volga (Russie)
Année 2019
© Artem Golyakov
La fable des collines de Valdaï :
« La ville de Rjev est à une centaine de kilomètres. Je m’applique à mettre du rythme dans mes mouvements pour y parvenir. Il faut pour cela pagayer de façon disciplinée et ne pas faire beaucoup de pauses. Je produis un effort constant durant une heure, puis je fais une halte de dix minutes, avant de reprendre la pagaie. Je vais chercher l’eau au-devant de mon kayak, le plus loin possible, afin d’avoir une plus grande amplitude pour le propulser. Ce mouvement est enseigné dans les écoles de kayak pour la course en ligne. On apprend à faire tourner les épaules en pagayant. Ce ne sont pas les bras mais le dos qui travaille. Les mains passent à hauteur des yeux en formant le symbole de l’infini. Ainsi, il est possible de faire corps avec le bateau et de glisser majestueusement.
Ce geste, je l’ai appris et bossé avec un copain d’enfance sur la Maine, entre Angers et Bouchemaine. Maintenant je l’applique en pensant à lui. Il aurait adoré ce voyage. Quelques mois avant mon départ, cet ami a quitté le navire. J’ai emporté son gilet de sauvetage et chaque coup de pale planté dans le courant fait remonter son souvenir. Ces pensées me rappellent combien la vie est éphémère. Il est de notre devoir d’aller voguer vers nos rêves pendant qu’il en est encore temps. »
Dans les bras de la Volga, Une aventure russe
(p. 33-34, Transboréal, ? Voyage en poche », 2022)