Au col de la Haute Route ou Bocca Muzzella (2 206 m) – Corse (France)
Année 2016
© Romain Tuilier
Partir pour voir :
« Partir ne requiert au fond qu’une seule motivation, celle de Mallory face à l’Everest : “Parce qu’il est là.” Il faut aller autour du monde parce que c’est possible, dans un mélange d’hédonisme tout contemporain et de désir d’aventure. Cela tient autant de l’exploit inutile mais grandiose que d’une envie de savoir ce qu’il y a au-delà des limites de notre horizon. La seule réponse que je puisse apporter à la question de savoir pourquoi je désirais aller au bout du monde tient en un mot : voir. Je n’ai jamais cru aux motivations utilitaires ou raisonnables, dans lesquelles je ne décèle que des alibis. Qu’ils soient mus par la ruse du commerçant, le zèle du missionnaire, la brutalité du conquérant ou la curiosité du savant, les voyageurs au long cours aiment par-dessus tout l’intranquillité du mouvement. Rester en place leur est pénible. Ils ont en eux ce besoin irrépressible d’aller voir ce qu’il y a de l’autre côté. Certains fuient leur vie, d’autres cèdent à la fièvre d’un or hypothétique. D’autres encore cherchent à faire taire leur ennui, mais tous suivent une vision dont ils espèrent qu’elle rendra la vie plus palpitante. »
Le Tour du monde, Petit passeport pour le voyage au long cours
(p. 16-17, Transboréal, ? Petite philosophie du voyage », 2019)