Tenant une bombe volcanique sur les pentes de l’Etna – Sicile (Italie)
Année 2017
© Dominique Leleu
Passion excessive :
« Mes collègues se questionnent sur la nature de ma volcanophilie, suggérant une forme de pathologie. Si c’est une maladie, j’espère qu’elle est incurable. Mais il s’agit peut-être d’une passion. Au sens classique, la passion désigne des phénomènes où la volonté est passive face aux impulsions du corps. Au sens moderne, c’est une inclination exclusive vers un objet, un état affectif durable et violent où se produit un déséquilibre psychologique. Les volcans occupent-ils excessivement mon esprit ? Je ne pense pas en être là. Ils sont plutôt un formidable moteur qui me pousse à me dépasser, à affronter l’inconnu, à vaincre mes peurs? Pour l’expédition au Nyiragongo, il fallait être en forme et à l’aise avec des cordes. J’ai dû m’entraîner intensément durant trois mois pour être au point sur les plans physique et technique. Rien d’autre n’aurait pu m’inciter à affronter des parois instables et à lutter bec et ongles contre la gravité, que cette formidable envie de côtoyer la lave. Dans le cratère congolais, j’ai vécu tout simplement les moments les plus intenses de ma vie? En touchant le fond, j’ai atteint mon sommet ! Quarante ans plus tôt, dans mon immeuble de la banlieue lyonnaise, je rêvais à la lecture des expéditions d’Haroun Tazieff sur ce même volcan. »
La Fièvre des volcans, Petits épanchements sur le feu des origines et les mystères telluriques
(p. 17-18, Transboréal, ? Petite philosophie du voyage », 2018)