Sur les falaises de Moher – comté de Clare (Irlande)
Année 2016
© Ana Maria Correia Paiva Morão
À la croisée des vents :
« Ciel et eau s’étaient mélangés dans une grande lie bleutée lorsque surgit, à la courbe de l’océan, un souffle de vapeur : une île tapie dans son voile blanc. La brume se dissipa peu à peu et j’aperçus des haies de bananiers s’enfonçant dans les nimbes argentés du matin ; l’humidité des montagnes déferlait sur les escaliers des terrasses cultivées, vertigineuses, plongeant à pic dans l’indigo de la mer ; les passiflores, écartelées par le vent, ressemblaient à de grandes racines sauvages ; des maisons perdues au milieu de la jungle s’ourlaient de fleurs géantes. Il semblait régner sur cette île une douceur de vivre particulière qui se reflétait dans la tranquillité des palmiers balançant leur chevelure aux alizés. Un coin de terre si suave, si naturel, qu’on se serait cru dans un petit éden africain égaré sur les eaux, avec sa végétation luxuriante qui protégeait l’homme de tout malheur, de tout tracas, de tout ennui. »
Madère, Un jardin sous les alizés
(p. 17, Transboréal, ? Voyage en poche », 2018)