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À la pointe du Diamant sur Saint-Pierre – Saint-Pierre-et-Miquelon (France)
Année 2008
© François Hoccry
Professeur de lettres. Éprise de la beauté austère et originelle des paysages boréaux.

Un élan vital et libérateur :


« Certains de mes voyages m’ont permis de le rejoindre du côté de Monterey sur les côtes rocheuses du nord de la Californie, à Albuquerque, La Nouvelle-Orléans, Detroit, au Grand Canyon et dans les rues de Brooklyn, Manhattan, Montparnasse et Clichy avec, pour guides, les pages de ses livres. C’est aussi grâce à lui que j’ai pu parcourir la Grèce sans y être encore allée, tant les descriptions du Colosse de Maroussi la restituent, vibrante de couleurs, de chaleur et d’humanité. Puis je me suis installée à Saint-Pierre-et-Miquelon, et j’y ai trouvé une cabane à flanc de rochers, mon Big Sur miniature, tout à l’ouest de l’île. Comme Henry, ce n’est pas une maison ni un terrain que j’ai achetés, ce sont les éléments et la vue, la mer, ses bleus changeants et ses tempêtes, le ciel et ses aurores boréales, l’air chargé de salin et du parfum chaud des spruces, les paquets de brume laiteuse, le soleil qui plonge dans l’Atlantique Nord avec des incandescences électriques. Et je suis persuadée que, comme moi, il adorerait cette enclave à l’écart des fracas du monde, pour y écrire en regardant passer les baleines, y lire allongé dans la camarine face aux falaises de Langlade, y respirer les embruns, se livrer à la force et à la beauté des choses et simplement pouvoir jouir du bel aujourd’hui chanté par Cendrars…
Et quand je m’abandonne au simple plaisir d’être là, gagnée par une douce indolence, les sens en éveil et la tête au repos, j’ai envie de dire : “Je me sens chez moi dans l’univers. Je suis un habitant de la Terre et non d’une de ses parcelles, que celle-ci soit étiquetée Amérique, France, Allemagne ou Russie. Je ne dois allégeance qu’à l’humanité, et non à un pays, une race, un peuple. […] Je n’ai d’autre fin ici-bas que de travailler à l’accomplissement de ma destinée, qui est mon affaire à moi. Ma destinée est liée à celle de n’importe quelle créature qui habite cette planète […] Je refuse de gâcher ma destinée en me bornant à considérer la vie selon l’étroitesse des règles qui la cernent aujourd’hui comme autant de pièges. […] Je dis : ‘La Paix soit avec vous tous !’ et si vous ne la trouvez pas, c’est que vous ne l’avez pas cherchée” (Max et les Phagocytes). »


Extrait de :

Henry Miller, La rage d’écrire
(p. 163-164, Transboréal, « Compagnons de route », 2017)

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