Sur le pont Chaban-Delmas à Bordeaux – Gironde (France)
Année 2015
© Jean-Pierre Muller
Arrivée :
« Déjà la lumière m’attrape. Mes pieds viennent à peine de retrouver la terre ferme. Ou plutôt la minuscule passerelle que le pilote a déployée après l’atterrissage. Instinctivement, je lève les yeux. Le ciel est pur, il me regarde avec placidité. M’attend-il ? Difficile à croire. Il en a vu tant d’autres, des étrangers et non des moindres, arrivés après de si longs voyages jusqu’à ce bout d’Afrique australe. À part mes rêves, qui pourrait bien m’attendre sur l’île de Mozambique ?
J’ai pourtant tenté de me dépouiller de ces fascinations exotiques pour les terres insulaires rêvées innocentes, de laisser derrière moi ces images illusoires de paradis perdu qui agitent nos états d’âme d’Occidentaux. Mais c’est bien connu, les îles nous ensorcellent, emplissent, malgré nous, nos fantasmes de continentaux. Et rapidement nous font rendre les armes.
Ilha de Moçambique? À Maputo, la capitale, située 2 000 kilomètres plus au sud, ce nom m’a d’abord intriguée. Quelle était donc cette île de l’océan Indien qui portait avec une si simple majesté le nom du pays entier ? »
Cette petite île s’appelle Mozambique
(p. 13, Transboréal, ? Voyage en poche », 2016)