À bord d’un De Havilland Vampire, sur l’aérodrome de Melun-Villaroche – Seine-et-Marne (France)
Année 2002
© Agnès Dumesny
Né à Sain-Bel en 1935, Germain Chambost est originaire d’un village du Rhône, de parents épiciers. C’est pourquoi, quand on l’interroge sur les raisons qui l’ont conduit à devenir pilote d’avion, il a coutume de répondre allusivement : ? Parce que je suis fils de boutiquier. » Dans son livre Terre des hommes en effet, Saint Exupéry ne dissimule point un certain dédain aristocratique à l’égard de ceux qu’il qualifie de ? boutiquiers ». Gens de petite extraction et d’existence médiocre, que seul un événement exceptionnel parviendra à hausser au-dessus d’eux-mêmes, avant qu’ils ne retournent à leur condition première. Rien à voir avec les héros qui font leur quotidien des exploits dans le ciel et la tempête, dont Saint Exupéry n’a eu de cesse de chanter les mérites et la valeur humaine.
L’accession au statut de commerçants, pour les anciens agriculteurs qu’étaient les parents de Germain Chambost, représentait une promotion sociale dont ils se montraient fiers. Leur fils unique, beaucoup moins, qui percevait chez la clientèle du mépris pour l’homme et la femme qui servaient pâtes en vrac, harengs saurs et vin au tonneau. Devenir pilote, revêtir l’uniforme militaire, peut-être accomplir de hauts faits d’armes dans les guerres extérieures (Indochine, puis Algérie) qui avaient succédé pour la France à la Seconde Guerre mondiale, constituait pour lui des occasions de défi et de revanche. Quant à écrire des livres, comme le comte Antoine de Saint Exupéry, il n’y songeait point encore, bien que ce songe fût à n’en pas douter déjà en gestation. Le paradoxe étant que pour accomplir ce grand rêve, venger les sourires en coin qu’il décelait chez les clients de l’épicerie, il lui faudrait auparavant vaincre les réticences peureuses de sa mère, et la farouche opposition de son père, qui nourrissait l’ambition de voir son fils lui succéder à la boutique, lequel rompit donc avec celui qui lui avait refusé la poursuite de ses études après le BEPC, et trouva à s’employer ailleurs qu’au magasin.
Durant trois ans, de 1950 à 1953, Germain Chambost travaille comme manœuvre dans une entreprise de plomberie-zinguerie sur les chantiers de construction, l’argent ainsi gagné lui permettant de suivre les cours par correspondance de l’École universelle afin de préparer le concours d’élève-pilote de l’armée de l’air, qu’il réussit en 1953, à l’âge de 18 ans. Incorporation à Clermont-Ferrand, puis école de pilotage de Marrakech, avant celle de Meknès, au Maroc, d’où il sort breveté pilote de chasse en 1958, ayant volé sur monoplace de combat Vampire. L’obtention de son brevet de pilote entraîne sa réconciliation avec son père. Choisissant de devenir pilote de bombardement, il vole sur bimoteur B-26, effectuant 269 missions de guerre en Algérie. Il passe ensuite sur biréacteur de bombardement Vautour, et devient instructeur sur ce type d’avion.
Dans le même temps, Germain Chambost prépare et réussit Propédeutique lettres par correspondance, un certificat de Littérature et civilisation américaines, et un d’Histoire moderne et contemporaine. Mai 68 l’empêchera de compléter sa licence de Lettres modernes. Il quitte l’armée en juin 1968, avec le grade de capitaine, ayant effectué 3 500 heures de vol, et entre comme journaliste au bureau de Paris du quotidien régional Sud-Ouest, devenant grand reporter en 1971. Il couvre alors tous les conflits de l’époque. En 1972, il publie un premier essai, De Mermoz à l’ordinateur, qui reçoit le prix Louis Castex de l’Académie française. Plus d’une vingtaine d’autres titres suivront – essais, romans, récits, poèmes –, dont certains couronnés par trois autres prix littéraires : Les Chevaliers de l’Apocalypse, Little Boy et Les Hommes de l’Aéropostale. Tous se rapportent, de près ou de loin, au monde de l’aviation. Il prend sa retraite de journaliste en 1998.
Germain Chambost est colonel de réserve, membre de l’Académie de l’air et de l’espace. Après avoir quitté l’armée de l’air, en 1968, il a volé comme pilote de réserve sur avion à réaction cinq ans de suite, puis exercé les fonctions d’instructeur et d’examinateur en vol bénévole en aéro-club sur avion léger. Il totalise plus de 6 600 heures de vol comme pilote sur des dizaines d’avions différents, certains (Airbus, Hawk, Jaguar, Mirage 2000, Tucano, VFW 614) donnant souvent lieu à compte-rendu dans plusieurs des revues aéronautiques auxquelles il a collaboré ou collabore encore (Air et Cosmos, Interavia, Piloter ou Aviation civile).