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Laurence et Almila au départ du raid « Amazone de la Paix » – Ispahan (Iran)
Année 2009
© Bernard Wis
Maître de conférences en stylistique à l’université Rennes II. Cavalière émérite et éleveuse de chevaux akhal-téké.

D’aussi loin qu’il me souvienne :


« Est-ce mon souvenir ? Est-ce le western du dimanche soir que je dévore avec papa ? Sont-ce mes premières chevauchées en solitaire à jouer l’Indien lancé en plein galop, penchée contre le flanc de ma jument pour échapper à d’imaginaires ennemis dans la campagne grise du Boischaut ? Est-ce le voyage en Mongolie, les mois sous le soleil de l’Afrique de l’Est, les mois d’Ispahan à Fontainebleau ? Ou les récits de cavalerie de 14-18 ? Les modernes aventures de Cormac McCarthy ou celles, merveilleuses, de L’Étalon noir de Walter Farley qui hantent mon enfance ? Les savants traités de haute école de La Guérinière, Beudant ou Baucher que j’ouvre si souvent pour y trouver des réponses ? Non, c’est l’âme du cheval qui me hante sans cesse, qui chaque jour s’infiltre plus profondément en moi et me murmure : “Allez hop, en selle, je t’attends !”
Eastern-Western, mi-indienne, mi-élégante, dans le vent frais d’avril, je vais galop moyen respirant les tendres parfums du printemps. Le cheval est isabelle doré, c’est un fin pur-sang aux muscles longs, il fait dans les 1,60 mètre au garrot et sa foulée est ample et régulière même si les odeurs moussues des sous-bois tiédis par les rayons tout neufs des beaux jours lui donnent un peu de fougue et le font cabrioler sur le sable de la piste. Et je rêve déjà de repartir au long cours, loin là-bas en Asie centrale, là où la terre recèle l’âme du Centaure et le sang des Amazones. Mais loin là-bas ou ici, c’est la même musique du vent qui me porte, le même mouvement, la même onde de choc.
Car d’un bord à l’autre des continents, à la fois cowboy et sultan, l’homme de cheval qui voyage est un. Religieusement, il cultive une liberté de couple. Il fait corps avec l’âme du cheval, le corps du cheval attentif à son âme, et il danse dans le vent sur la musique invisible des sphères, et danse droit devant, easy rider. »


Extrait de :

La Liberté du centaure, Petit traité sur le voyage à cheval
(p. 13-15, Transboréal, « Petite philosophie du voyage », 2010, rééd. 2019)

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