À un an du départ, au sortir du Parque Nacional da Amazônia – État de Pará (Brésil)
Année 2011
© Siphay Vera
Sénégal en vue :
« En ce début d’octobre 2010, j’approche de l’Afrique avec le mélange d’excitation et de crainte que l’on observe parfois, à la rentrée des classes, chez les enfants qui retrouvent leurs camarades. Tout en pédalant sous la chaleur de l’été espagnol qui s’éternise, je me remémore mon enfance au pays de la téranga. Mes souvenirs du Sénégal sont beaux mais je m’inquiète de ce que me réserve cette nouvelle expérience.
À l’époque, je vivais à bord de Tikaï, le voilier de mon enfance. L’hiver, la baie de Hann nous offrait une protection de choix contre l’harmattan, ce vent chaud, sec et poussiéreux qui transporte le sable du Sahara jusque dans nos plats de tiéboudienne. L’été, la chaleur et l’humidité rendaient nos gestes plus lents et nos nuits plus courtes. Mon père avait rapidement trouvé du travail tandis que ma mère s’occupait de l’éducation de ma sœur, de sept ans mon aînée, et du blondinet timide que j’étais. Je passais mes week-ends à jouer autour du club de voile de Dakar et la semaine à faire rire les mamans sénégalaises à la sortie de la crèche. En effet, mes cheveux mi-longs raides comme de la paille me donnaient une allure de créature venue d’un autre monde. Seul étranger dans cette école, j’apprenais vite à m’intégrer au milieu de ces mômes à la peau ébène, aux cheveux courts et crépus, aux sourires naturels et aux regards curieux. Rapidement, je me sentis chez moi.
L’innocence de l’enfance offre une vue sur le monde sans préjugés et permet de voir les choses telles qu’elles sont réellement. Regardons la Terre comme un grand jardin où les différences de couleurs, les contrastes, les genres et les familles participent de la beauté et de l’harmonie de l’ensemble. »
Solidream, Trois ans de défis et d’amitié autour du monde
(p. 11, Transboréal, 2014, rééd. 2015)