Antoine Garcia

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En bateau sur le lac Onéga – Carélie (Russie)
Année 2010
© Antoine Garcia
Poète et traducteur, spécialiste de la culture russe.

Tercets pour Ossip :


« L’écho impur au fond du silence.
La poésie à naître, si lente,
sous la vanité d’un coup de langue.

Comment survivre aux empires ?
Le dieu dévié, l’ange qu’on décapite.
La moelle intacte de l’utopie.

Au seuil de ton sexe neuf, un doigt de sang —
ainsi l’exilé mange ses cendres,
dans le mythe la douleur s’enfle.

Naître nu
comme on immole, comme on inhume.
L’effroi du premier mot que plus rien n’use.

Cérémonial de l’usure, quand le chant
s’évertue à donner le change
aux oiseaux, aux rumeurs, à l’amour comme un chancre.

Les mots que pourraient-ils savoir
de nous — restés sans voix
dans la forêt de Dante, loin des bivouacs.

Lorsque enfin j’aurai revécu ta mort,
il ne restera du monde que quelques mottes :
rites déteints, chants tus, aumônes.

Et si tu n’étais qu’une blessure
sans clarté, dans ce corps que plus rien n’assume :
ni les paroles désertées, ni l’avenir trop su.

En moi tu gîtes, tel un chemin d’orties.
Mais rien ne sera plus jamais vrai : ni la justice
des chiennes, ni la joie du verbe sans viatique. »


Extrait de :

Gare Mandelstam, Rimes pour une aube noire
(p. 7-25, Circé, 2005)

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