À moto sur les crêtes – Kurdistan (Turquie)
Année 2013
© Thomas Blanchard
Né à Paris en 1986, Antoine Dectot de Christen se passionne très jeune pour le voyage – surtout à la voile, dont il découvre les secrets en famille – et plusieurs pratiques engagées, comme l’escalade. À l’âge de 15 ans, l’œuvre poétique de Nietzsche lui tombe entre les mains, marquant la naissance d’une profonde interrogation qui l’amènera à s’intéresser intensément à la mythologie, aux religions et aux voies initiatiques occidentales et orientales ainsi qu’aux aspects controversés de la modernité.
À 18 ans, fasciné par le puissant symbolisme de la montagne – lieu sacré par excellence – et l’expérience spirituelle que constitue son ascension, Antoine Dectot se met à pratiquer intensivement le ski de randonnée et l’alpinisme dans une perspective de réalisation intérieure. Seul ou accompagné, il sillonne les principaux massifs alpins, le plus souvent à peaux de phoque, en quête d’une aventure qui fasse écho à celle contée par René Daumal dans Le Mont analogue.
Parallèlement, pendant ses deux années de classe préparatoire littéraire (faisant suite à un baccalauréat scientifique) et celle de l’obtention de sa licence d’histoire, Antoine Dectot voyage, se met à la boxe thaïlandaise et approfondit divers mouvements et doctrines spirituels, littéraires et artistiques – allant du soufisme à l’hésychasme en passant des groupes proches du dadaïsme et du surréalisme. Il se livre également à l’écriture : il publie des articles, écrit une introduction à Méditations du haut des cimes de Julius Evola et fait paraître, en 2007, un guide de citations de ce même penseur.
Une fois sa licence en poche, son vif intérêt pour le bouddhisme et son attirance pour les cimes et la neige entraînent Antoine Dectot dans l’Himalaya, au Népal, dont il arpente seul et à pied plusieurs régions deux mois durant, escaladant quelques pics sans nom à l’occasion. De retour en France, bien qu’il considère désormais l’Himalaya comme sa ? patrie spirituelle », il retrouve les Alpes avec plaisir. Il entame par ailleurs une licence de sanskrit et un master de sciences religieuses à l’École pratique des hautes études avant d’interrompre son parcours universitaire pour travailler dans l’escalade et l’enseignement en vue d’un autre départ.
Une fois son viatique constitué, Antoine Dectot répond à nouveau à l’appel de l’Himalaya : il se rend à Delhi, se procure une vieille Royal Enfield, tombe amoureux de la moto et part aussitôt pour les montagnes sacrées qui le hantent et dont il veut à nouveau s’imprégner. De là, il poursuit au Vietnam et, depuis Saigon où il s’installe, explore les recoins du pays cinq mois durant. Il lève ensuite le camp pour s’établir pendant sept mois en Thaïlande, qui devient sa ? patrie sentimentale » tant ses habitants et leur âme l’ont conquis. Entre deux lectures, il grimpe et navigue d’île en île dans le sud à bord de son long-tail boat depuis lequel il chasse au fusil-harpon, ou sillonne le nord au guidon de sa première grosse cylindrée.
Depuis son retour en France, Antoine Dectot continue de voyager et poursuit sa quête en consacrant son temps libre à la montagne – des Alpes au Toubkal – dont il gravit les sommets et calligraphie les pentes à l’aide de ses spatules. Également attiré par la steppe, il effectue en 2011 un voyage à cheval en Mongolie.
Vivement intéressé par l’édition depuis l’adolescence, Antoine Dectot rejoint les rangs de Transboréal en 2012. Entre deux bouclages et trois salons, lorsqu’il n’a pas les mains dans le cambouis, on le voit chevaucher ses motos par monts et par vaux. En 2013, accompagné d’un ami d’enfance, il rallie ainsi les plus hautes cimes du Vieux Continent – situées sur la frontière russo-géorgienne – en suivant au plus près les lignes de crêtes de tous les massifs qui se trouvent sur leur chemin. Des superbes courbes des Alpes aux routes défoncées du Grand Caucase, des sous-bois boueux des Carpates aux pistes poussiéreuses du Kurdistan turc sans oublier les virages périlleux des Balkans, les deux motocyclistes ont abattu plus de 20 000 kilomètres en trois mois. À la suite de ce voyage, en 2014, Antoine Dectot quitte les éditions Transboréal pour se consacrer essentiellement à l’écriture et à la traduction.