Sur la route de Bachi à Almaty – (Kazakhstan)
Année 2007
© Alice Plane
Née à Lille en 1984, Alice Plane grandit dans une famille où aucune carte, aucun ancêtre célèbre ni aucune malle poussiéreuse ne lui donne le goût du départ. Pas casaniers pour autant, ses parents ch’tis lui font découvrir le Maroc puis l’Équateur en y organisant de grandes randonnées avec leurs amis. La jeune Alice se passionne pour le théâtre où elle découvre le plaisir de se mettre dans la peau d’autres personnages. Un festival d’improvisation l’amène à Casablanca, des ateliers d’expression corporelle lui font découvrir l’univers des détenus de la prison centrale de Poissy puis, lors de la poursuite de ses études à l’université de Canterbury, en Angleterre, elle n’obtient que des rôles de ? méchant » pour cause d’accent français.
Diplômée de l’Institut d’études politiques de Lille (spécialité administration publique), Alice Plane choisit d’étudier le russe en cours du soir et obtient ainsi, en 2005, une bourse pour l’institut Pouchkine, à Moscou. Elle découvre là-bas l’ordinaire soviétique d’une ville capitaliste : autoroutes à cinq voies, plaques d’égout frappées de la faucille et du marteau ou corps cireux de Lénine dans son mausolée, mutilés des guerres tchétchènes mendiant sur les quais du métro et encore vérification de son identité à chaque pas. Après une première impression réfrigérante, elle tombe amoureuse de l’âme russe, des chants empreints de nostalgie, des datchas moscovites, des vodkas bues cul sec. Sur un marché de la capitale, croisant la route d’un bel Ouzbek vendeur d’épices, elle connaît la révélation de sa prochaine destination. Gourmande et curieuse, elle décide de prendre une année sabbatique pour fureter dans les cuisines d’Asie centrale. Un voyage de reconnaissance en 2006 en Ouzbékistan lui ayant permis de rassurer ses proches, elle repart en janvier 2007 pour six mois, seule, avec l’envie de rencontrer les femmes d’Asie centrale dans l’espace où elles sont reines : les cuisines. De l’Azerbaïdjan au Kazakhstan, en passant par l’Iran, le Tadjikistan et le Kirghizistan, elle s’intéresse ainsi à leur place dans la société et au sein de leur foyer.
Également diplômée de l’ESSEC, où elle s’est spécialisée en entrepreneuriat social, Alice Plane a travaillé pour Ashoka, une ONG qui soutient les entrepreneurs sociaux innovants en France et à travers le monde. Dans ce cadre, elle a réalisé une étude d’implantation à Madagascar, où elle a séjourné six mois entre 2010 et 2011. En novembre 2011, elle parti quelques semaines à Kaboul où elle décide de rester comme conseillère politique auprès de l’ambassadeur européen. Là, elle suivait les évolutions de la coopération régionale entre l’Afghanistan et ses voisins, depuis la Chine et la Russie jusqu’à l’Iran et le Pakistan en passant, bien sûr, par l’Asie centrale. Peu après qu’un attentat a emporté la vie d’un de ses proches en 2014, elle rentre à Paris pour se consacrer à l’étude du russe, à l’Inalco puis rallie le ministère des Affaires étrangères. En 2016, elle rejoint l’équipe climat, qu’elle coordonne dans le cadre des négociations climatiques onusiennes.
Depuis 2020, Alice Plane vit à Cambridge, dans le Massachusetts, où elle approfondit ses connaissances sur le changement climatique en tant que relectrice indépendante des rapports du GIEC. Elle enseigne par ailleurs les négociations climatiques à l’université Brown dont, en 2024, elle a reçu le prix Bates-Clapp qui récompense un enseignant ayant fait preuve d’un dévouement exceptionnel et contribué de manière remarquable au cursus des étudiants de maîtrise.