Alatau dzoungare (Kazakhstan)
Année 2007
© Nicolas Ducret
La caravane des cimes :
« La nuit a été glaciale. Même en dormant tout habillé, j’ai tremblé de froid. Pour me réchauffer, je ferre Tsigane. Les fers achetés à Och sont si peu adaptés que je consacre une bonne partie de la matinée à trouver des pierres à l’allure d’enclume afin de leur rendre un aspect normal. En quatre heures d’un harassant travail, Tsigane se retrouve avec deux nouveaux fers aux antérieurs. Et moi, fiévreux et avec un mal de tête effroyable. La baignade de la veille a eu sur moi des effets dévastateurs. Mon cœur bat la chamade. J’ai la tête lourde. Mes accès de toux sont si violents que je me demande si je ne vais pas finir par cracher mes poumons hors de ma poitrine. En guise de remède, je retourne dans la tente et végète quelques heures en attendant un miracle. Mais, comme je préfère faire mes adieux au monde à cheval, je pars galoper sur les bords du lac. Je chevauche à cru Musicien des steppes, longe les cours d’eau, décris des voltes, puis repars en trombe vers le lac du Dragon qui m’a rendu si malade. Puis j’entraîne mon cheval dans les eaux. À une vingtaine de mètres du rivage, je m’arrête, contemple les cieux, admire le monde et jouis de la satisfaction d’être perché sur son toit, à cheval sur mon étalon cerise. »
Cavalier des steppes, À travers les montagnes d’Asie centrale
(p. 223-224, Transboréal, ? Sillages », 2010, rééd. 2016)