Base Dumont-d’Urville – Terre Adélie (France)
Année 1986
© Dominique Martial
Charcot :
« — ?Alors, voilà, Commandant : je me permets de vous demander de m’emmener à Ammassalik et de m’y laisser un an pour rapporter des collections au musée de l’Homme, qui n’en a pas, et pour y étudier l’ethnographie des habitants.
— À Ammassalik ?
— Oui, Commandant !
— Mais, vous savez, mon petit, que je ne vais jamais qu’au Scoresbysund ? À 500 kilomètres d’Ammassalik ?
— Oui, Commandant !
— Eh bien ! vous ne manquez pas de toupet !
Eh non ! Je me suis trompé : Charcot n’est pas un homme comme les autres. La parole est brève et énergique. On le dirait sur le point de manquer de souffle. Il a l’accent péremptoire, sans appel, du vrai commandement. Le regard est froid, immobile. Il me fouille, me pèse, m’évalue, cherche à comprendre ce que je suis, pendant que je me tiens au garde-à-vous en essayant d’avaler un peu de salive. Puis je vis un sourire passer devant ses yeux. Charcot ouvrit les lèvres et, sans me quitter du regard, il dit :
— Entendu, mon petit, je vous emmène. »
?uvres autobiographiques, La Mansarde (1907-1934), L’Iglou (1934-1937), Expéditions (1937-1995)
(p. 277, La Mansarde, tome I, Transboréal, ? Le génie des lieux », 2005)