Élizabeth Guyon

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Dans le parc Ditan – Pékin (Chine)
Année 2000
© Élizabeth Guyon
Écrivain, comédienne et chanteuse à la télévision chinoise, experte assermentée de chinois.

Souvenirs d’enfance :


« Durant ces trois jours, chacun dans l’obscurité de sa chambre a ressassé les événements qui avaient bouleversé l’immense monotonie de notre vie.
J’ai commencé par blâmer le destin, les forces maléfiques qui m’imposaient de telles épreuves. En quelques semaines, j’avais gagné et perdu un amour comme le fils du Vieux Li joue son argent aux jeux. Et soudain, ma mère ! Jusqu’à son départ, j’avais vécu chaque jour de mon existence auprès d’elle.
Au fil des heures, mon esprit troublé a retrouvé des traces de vie, des souvenirs, des visages. L’un d’eux m’est soudain apparu, avec clarté.
Nous vivions encore en Chine. Ba était parti en éclaireur trois années avant nous. Ma et moi n’allions pas tarder à le rejoindre en France, mais je me souviens que nous ne le savions pas encore. Un après-midi où je rentrai plus tôt qu’à l’accoutumée, j’ai aperçu ma mère devant chez nous, en joyeuse conversation avec un homme que je n’avais jamais vu. En arrivant à sa hauteur, je l’avais poliment salué d’un “Bonjour oncle !” et il m’avait souri de toute sa face, ronde comme une pleine lune. L’autre nuit, parmi tous les inconnus qui avaient trouvé refuge dans notre restaurant, l’homme dont le visage m’avait paru familier, c’était lui ! Mon père a peut-être raison, Ma n’est pas partie sur un coup de tête. Il faut croire que, dans l’esprit de ma mère, ce “divorce” a ouvert des horizons inattendus. Les craintes de grand-père étaient donc fondées, mais pas pour celui qu’il imaginait.
De qui l’absence me rend-elle le plus triste ? Dans mon cœur, je ne parviens pas à choisir. Et je souffre, même si ma douleur n’est pas comparable à celle de mon père. »


Extrait de :

Petite-Fleur
(p. 81-83, Éditions de l’Aube, 2007)

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