« Hors collection »

  • Dersou Ouzala
  • Tamir aux eaux limpides (La)
  • Julien, la communion du berger
  • Lettres aux arbres
  • 100 Vues du Japon (Les)
  • Légende des Pôles (La)
  • 100 Objets du Japon (Les)
  • Chemins de Halage
  • Vivre branchée
  • Solidream
  • Cap-Vert
  • Voyage en Italique
  • Esprit du chemin (L’)
  • Testament des glaces (Le)
  • Un rêve éveillé
  • Pouyak
  • Œuvres autobiographiques
  • Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1701)
Couverture
100. Île de Taketomi :

« Les eaux cristallines ne font qu’un avec le ciel. Le paradis de sable blanc qu’est la plage de Kondoi serpente sur près d’un kilomètre. Côté terre, elle est le territoire de félins pas farouches qui somnolent à l’ombre des plantes épaisses de la flore tropicale, un œil attentif à l’aire de pique-nique voisine et aux vacanciers qui s’y arrêtent. Côté mer, tanguant sur le sable que lèche une eau transparente, deux jeunes filles en robes à fleurs assorties multiplient les clichés de vacances, les cheveux au vent. Un peu plus au sud, quelques silhouettes avancent courbées à la recherche de hoshizuna, les grains de sable en étoile – une curiosité partagée seulement avec une autre plage sur l’île voisine d’Iriomote.
L’île de Taketomi est un confetti de 5,4 kilomètres carrés qui appartient à l’archipel des Yaeyama, à l’extrémité sud-ouest de la préfecture d’Okinawa. Il est un affleurement du plus grand récif corallien de l’archipel [099], qui s’élève à quelques dizaines de mètres au-dessus des eaux de la mer de Chine orientale. Le corail se retrouve partout dans le village de trois cents habitants, notamment au niveau des murets bruts qui tracent son plan. Refuge des plantes grasses et des serpents habu, ils encadrent des rues sableuses et protègent les anciennes maisons de plain-pied. Une ou deux statues de shisa, les protecteurs mi-chien mi-lion du foyer, sont posées sur les toits de tuiles rouges.
La vue, considérée comme la plus authentique de l’ancienne culture des Yaeyama, est une carte postale que viennent admirer les Japonais. Le dépaysement est autant visuel que culturel. Il est le résultat des siècles passés à être tributaire du grand voisin chinois, du VIIe au début du XVIIe siècle, et de ceux de la double allégeance, chinoise et japonaise – jusqu’à la fin du XIXe siècle. Dans une version idéalisée très touristique, le tableau de l’ancien royaume des Ryukyu est complété par des chars que tractent des buffles d’eau, importés de la voisine Taiwan pour aider à la culture du riz. Ils mènent habituellement dans tout Taketomi les presque cinq cent mille visiteurs annuels.
Mais l’atmosphère est étrangement calme en cette matinée de novembre. Les buffles sont occupés à se repaître, à l’ombre des palmiers dans un recoin du village. Les murs gris typiques protègent bien des loueurs de vélos, de nombreux petits cafés, un bureau de poste au toit traditionnel – mais tous sont unanimement fermés. Personne n’arpente le sable des rues. Seuls quelques papillons butinent un buisson rose qui a tout l’air d’un bougainvillier – une fleur emblématique de l’île avec l’hibiscus. Au loin, un air de musique s’élève crescendo. La mélopée inhabituelle mène au sanctuaire Yumuchi-On.
Au milieu de la foule des habitants, de tous ceux qui sont revenus sur l’île pour le festival annuel et de quelques touristes surpris, deux hommes s’affrontent à la lance sur une pelouse sableuse, vêtus de costumes blanc, violet et noir. Les yeux et la bouche assombris, sur un visage fardé et affublé d’une épaisse moustache, les guerriers jouent la férocité et accompagnent leurs amples mouvements de cris surjoués ; la foule est conquise. Le combat tropical laisse place à une danse des moissons menée par des femmes en kimono à carreaux – le motif endémique. Le festival Tanadui évoque tour à tour neuf siècles d’histoire du Japon le plus méridional. »
(p. 278-279)

001. Banquise d’Okhotsk (p. 10-11)
012. Kakunodate (p. 39-40)
Extrait court
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