Collection « Voyage en poche »

  • Exploration de la Sib?rie (L?)
  • Bons baisers du Ba?kal
  • Une Parisienne dans l?Himalaya
  • Par les sentiers de la soie
  • Voyage ? la mer polaire
  • Trilogie des cimes
  • Au gr? du Yukon
  • R?v?lation dans la ta?ga
  • La nuit commence au cap Horn
  • ? toute vapeur vers Samarcande
  • Vers Compostelle
  • Op?ra alpin (L?)
  • Dans l?ombre de Gengis Khan
  • Amours
  • Confidences cubaines
  • Quatre hommes au sommet
  • Des d?serts aux prisons d?Orient
  • Seule sur le Transsib?rien
  • Cette petite ?le s?appelle Mozambique
  • P?lerin d?Orient
  • Nomade du Grand Nord
  • Qat, honneur et volupt
  • Exploration de l?Australie (L?)
  • Condor et la Momie (Le)
  • Un parfum de mousson
  • Unghalak
  • P?lerin d?Occident
  • Souvenez-vous du Gel
  • Chaos khmer
  • Chroniques de Roumanie
  • Ermitages d?un jour
  • Nostalgie du M?kong
  • Sept sultans et un rajah
  • Pyr?n?es
  • Kalim?ra
  • Sagesse de l?herbe
  • Passage du M?kong au Tonkin
  • Ambiance Kinshasa
  • Voyage en Mongolie et au Tibet
  • Mad?re
  • Pianiste d??thiopie (Le)
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Robert Louis Stevenson
  • Corse
  • Invitation ? la sieste (L?)
  • Route du th? (La)
  • Carnets de Guyane
  • Ernest Hemingway
  • Exploration spirituelle de l?Inde (L?)
  • Nos amours parisiennes
  • Fugue au c?ur des Vosges
  • Grande Travers?e des Alpes (La)
  • Centaure de l?Arctique (Le)
  • Plus Petit des grands voyages (Le)
  • Une histoire belge
  • Voleur de m?moire (Le)
  • Intime Arabie
  • Pour tout l?or de la for
  • Dans la roue du petit prince
  • Aborig?nes
  • Girandulata
  • ?vad? de la mer Blanche (L?)
  • Temp?te sur l?Aconcagua
  • Dans les bras de la Volga
  • Nanda Devi
  • Au vent des Kerguelen
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • La Loire en roue libre
  • Une yourte sinon rien
  • Consentement d?Alexandre (Le)
  • Dolomites
  • Retour ? Ky
  • Ivre de steppes
  • Faussaire du Caire (Le)
  • Au nom de Magellan
  • Jours blancs dans le Hardanger
Couverture

Voyage ? la mer polaire
George?S. Nares




Au printemps?1875, l?Alert et le Discovery quittent Portsmouth sous le haut commandement de George S. Nares. Objectif?: gagner l?oc?an Glacial Arctique avant le d?but de l?automne pour hiverner au milieu des glaces puis atteindre le p?le Nord, ? tra?neau sur la banquise. L?exp?dition d?bute comme une odyss?e. Les navires ?chappent aux icebergs qui se d?tachent des c?tes du Groenland et de la terre d?Ellesmere, au nord de l?archipel arctique canadien. S?installe ensuite le rythme lent et magique de la nuit polaire. Enfin vient le temps des exploits, avec les ?prouvants voyages hivernaux. Mais le scorbut s?ajoute au froid et ? l?isolement pour mettre ? l??preuve la d?termination des hommes. Et l?aventure de se muer en trag?die?

Avec une introduction par : Fran?ois Lantz

« Au d?but de l?automne?1876, quand l?Alert et le Discovery, les deux navires de la British Arctic Expedition, rentrent en Angleterre, les sentiments des explorateurs sont m?l?s. Il y a bien s?r le plaisir de retrouver le pays apr?s un an et demi d?absence, les messages de f?licitations de la reine Victoria et de la Royal Geographical Society, et la conscience d?avoir accompli un exploit en devenant, pr?s de cinquante ans apr?s Parry, l?exp?dition ? s??tre aventur?e le plus au nord du monde. Pourtant, l?enthousiasme ne parvient pas ? effacer le souvenir de Niels C. Petersen, George Porter, James J. Hand et Charles Paul ? interpr?te, fusilier marin et matelots de deuxi?me classe ?, victimes du froid ou morts d??puisement dans les solitudes de l?Arctique. Pour ces quatre-l?, et leurs compagnons de voyage, t?moins impuissants d?une lamentable trag?die, le ?jeu? en valait-il la chandelle??

Tant de sacrifices pour quels r?sultats??
La British Arctic Expedition poursuivait quatre objectifs principaux?: 1.?explorer le d?troit s?parant les ?les Parry (actuellement les ?les de la Reine-?lisabeth) et la c?te occidentale du Groenland?; 2.?s?assurer de l?existence d?un ?ventuel passage entre ce d?troit et une mer plus ? l?ouest?; 3.?reconna?tre et cartographier la c?te nord de la terre de Grant (la plus septentrionale des ?les Parry) et du Groenland?; 4.?atteindre le p?le Nord. Son commandant, le capitaine George Strong Nares, s??tait donn? trois ans pour accomplir ce programme, mais ? la fin du premier hiver et apr?s les terribles ?preuves du printemps?1876, il ordonnait ? ses hommes de lib?rer les navires de leur ?tau de glace et rentrait ? toute vapeur en Angleterre.
Sur les quatre objectifs de l?exp?dition, un seul fut v?ritablement atteint?: l?exploration de la c?te nord de la terre de Grant et de celle du Groenland, confi?e aux lieutenants Aldrich et Beaumont. Ces deux voyages ont marqu? les esprits, en raison des conditions effroyables de leur r?alisation (les chiens embarqu?s au Groenland pour tirer les tra?neaux durent ?tre remplac?s par des hommes apr?s qu?une ?pid?mie eut d?cim? presque toute la meute) et de l??quipement rudimentaire des explorateurs. Aujourd?hui encore, les r?cits d?Aldrich et de Beaumont, compil?s par Nares dans son Voyage ? la mer polaire, comptent parmi les ?pisodes les plus impressionnants de l?exploration arctique.
La conqu?te du p?le ?tait aussi ? l?ordre du jour. Nares confia cette t?che au commandant Albert H. Markham qui, au prix d?efforts insens?s, progressa pendant plus d?un mois vers le nord sur la banquise. Malgr? l?organisation de d?p?ts le long du trajet, les membres de l?exp?dition Markham, comme ceux des divisions Aldrich et Beaumont, ne r?ussirent pas ? se pr?server du scorbut, un mal qui affecta plus de la moiti? des hommes de l?Alert. Les jambes raides, le souffle court, les gencives enfl?es, ils continu?rent pourtant ? marcher au-del? de la latitude extr?me atteinte par Parry en 1827.
Les trois voyages ? tra?neau d?Aldrich, de Beaumont et de Markham sont les r?alisations les plus nettes de la British Arctic Expedition, mais aussi les plus douloureuses. Au-del? de leurs objectifs respectifs, elles permirent d?affirmer qu?il n?existait pas de terre au milieu de l?oc?an Glacial Arctique, effa?ant ainsi des cartes du p?le l??le du Pr?sident, dont la d?couverte, chim?re h?rit?e du Moyen ?ge, excita l?imagination des voyageurs tout au long du XIXe?si?cle.
Apr?s tant de peines, l?exploration du d?troit emprunt? par l?Alert et le Discovery pour gagner leurs quartiers d?hiver fut ajourn?e sans qu?il f?t possible de dire si les ?chancrures les plus profondes de la c?te ?taient des fjords ou des passages conduisant ? une mer plus ? l?ouest. Il n?en demeure pas moins qu?au cours de leur navigation vers l?oc?an Glacial, durant le mois d?ao?t?1875, puis lors de l??tablissement des d?p?ts en vue des voyages ? tra?neau du printemps?1876, les membres de la British Arctic Expedition ont sillonn?, ?tudi? et cartographi? comme personne ce d?troit qui porte aujourd?hui le nom de Nares.
Des r?sultats aussi d?routants ont malheureusement terni la m?moire de l?exp?dition. Comment se r?jouir, en effet, d?avoir port? si haut les couleurs du Royaume-Uni et contribu? ? ce point aux progr?s de la science quand le prix ? payer pour toutes ces r?alisations se compte en vies humaines?? L?impr?paration du voyage, d?nonc?e en raison de l?apparition du scorbut parmi les hommes, l?inad?quation de l??quipement jug? r?trospectivement trop lourd et les m?thodes, qualifi?es de militaires, employ?es par Nares pour conduire l?exp?dition ont toutes ?t? critiqu?es.
Les pages qui suivent contiennent une description pr?cise des circonstances dans lesquelles cette triste ou glorieuse aventure s?est d?roul?e, et de tous les hasards, grands ou petits, qui l?ont d?termin?e. Au lecteur de s?en faire une id?e et d?avaliser, ? partir de ces ?l?ments, la th?se de la folie ou du courage des hommes.

Une exp?dition du si?cle
Tout avait pourtant bien commenc? et n?aurait peut-?tre pas m?rit? d?autres sentiments que ceux habituellement r?serv?s aux plus malheureuses des exp?ditions de la Royal Navy?: reconnaissance et compassion.
Au XIXe?si?cle, trois raisons principales poussaient les Britanniques ? explorer les r?gions arctiques?: la recherche du passage du Nord-Ouest, cens? offrir une nouvelle route maritime entre l?Europe et l?Asie, en contournant par le nord le continent am?ricain?; la recherche de Franklin, commandant de l?Erebus et du Terror, dont les deux navires furent aper?us pour la derni?re fois par des Occidentaux en 1845, au large du d?troit de Lancaster?; et la conqu?te du p?le Nord, lanc?e au lendemain de l?infructueux voyage de Parry de 1827.
En 1875, alors que l?Alert et le Discovery s?appr?tent ? gagner l?oc?an Glacial, ces trois objectifs ont d?j? co?t? la vie ? plus d?une centaine de marins. Ni les temp?ratures de la nuit polaire, ni les souffrances et les maladies caus?es par la malnutrition, ni le risque qu?un b?timent, ? voiles ou ? vapeur, soit broy? par les glaces n??taient ?trangers aux explorateurs. Un but, toutefois, restait ? atteindre?: la conqu?te du p?le (le passage du Nord-Ouest ayant ?t? reconnu dans son int?gralit? par Robert McClure entre 1850 et 1854, et le destin tragique de l?exp?dition Franklin ayant ?t? reconstitu? gr?ce aux nombreux voyages de recherche organis?s ? partir de 1848).
En 1875, donc, Nares doit relever le dernier d?fi de l?Arctique. Initi? ? la navigation polaire au cours de l?exp?dition Belcher, partie ? la recherche de Franklin en 1852-1854, il est surtout connu pour avoir dirig? pendant deux ans, de 1872 ? 1874, la premi?re grande campagne oc?anographique mondiale ? bord du Challenger. Le succ?s de cette mission, notamment la cohabitation parfaite entre scientifiques et officiers, lui revient enti?rement. Ayant ainsi fait preuve de ses qualit?s de chef et d?explorateur, il se vit confier, ? la fin de l?ann?e?1874, le commandement de la British Arctic Expedition.
Nares est un capitaine r?solu, m?thodique et exp?riment?. Dans la nuit du 16 au 17?novembre?1869, il r?ussit ? se positionner devant les navires de l?imp?ratrice Eug?nie et de Ferdinand de Lesseps pour entrer le premier dans le canal de Suez le jour de son inauguration. Pour cette bravade, il fut officiellement r?primand? par l?Amiraut?. Mais en coulisse, on salua son patriotisme et son habilet? ? diriger la man?uvre, en pleine nuit et au milieu de nombreux autres navires. La route du p?le allait, elle aussi, ?prouver ses comp?tences de navigateur.
Partis de Portsmouth le 29?mai?1875, l?Alert et le Discovery se dirigent vers le Groenland. ? l??poque, il ?tait entendu que la voie normale pour atteindre le p?le passait par un ?troit couloir entre le Groenland et l??le d?Ellesmere, d?bouchant au nord sur l?oc?an Glacial. Les explorateurs am?ricains Elisha Kane, Isaac Israel Hayes et Charles Francis Hall l?avaient d?j? emprunt? en 1853, 1860-1861 et 1871.
La travers?e du d?troit de Nares constitue le premier acte du Voyage ? la mer polaire. Sur les trois exp?ditions mentionn?es plus haut, une seule, celle de Hayes, r?ussit ? ?chapper aux pi?ges de la banquise?: l?Advance, command? par Kane, fut abandonn? au milieu des glaces et le Polaris, affr?t? par Hall, fit naufrage apr?s avoir heurt? un iceberg.
C?est donc avec la plus grande prudence que Nares p?n?tre, au mois d?ao?t 1875, dans le d?troit. Sa navigation va durer trente jours. Trente jours durant lesquels, dans un d?cor impressionnant de fjords, de caps et de glaciers, l?Alert et le Discovery vont se frayer une route vers le p?le.
La pr?paration des voyages ? tra?neau du printemps?1876 et l?hivernage de l?Alert face ? l?oc?an gel? forment le deuxi?me acte de la trag?die qui est en train de se mettre en place. Figure impos?e de tous les r?cits d?exploration arctique, la description de la nuit polaire marque une pause. Aux heures inqui?tantes de la navigation succ?dent le rythme lent de l?hiver, les aurores bor?ales et les spectacles organis?s par les hommes pour oublier le froid et l?obscurit? qui enveloppent le navire.
Puis le soleil arrive, et avec lui le temps des exploits et des honneurs anticip?s de longue date. Les trois divisions Markham, Aldrich et Beaumont se mettent en route, sans savoir que le scorbut les talonne. Dans un souci de v?rit?, Nares int?gre ? son r?cit les carnets des explorateurs qui, chacun, dans la langue s?che des notes de voyage, vont raconter leur exp?rience de l?Arctique. Acte 3?: la conqu?te avort?e du p?le?; acte?4?: les rivages de la terre de Grant?; acte?5?: la d?sastreuse exp?dition groenlandaise.
Qui bl?mer pour tant de peines?? Nares, qui n?aurait pas correctement approvisionn? les hommes en jus de citron?? Le froid, terrible jusqu?au milieu du mois de mai ? Les chiens, qui auraient d? tirer les tra?neaux ? La banquise, impraticable avec un tel ?quipement ? Ou la fortune, qui vint pr?lever son lot de victimes comme ? l?occasion de tant d?autres exp?ditions polaires ?

Aux confins du monde
Voyage ? la mer polaire raconte l?histoire de la derni?re grande aventure arctique du Royaume-Uni au XIXe?si?cle. Au terme de l?exp?dition, les Britanniques se retir?rent de la course au p?le Nord, jug?e trop co?teuse et, d?apr?s les conclusions de Nares, impraticable?: ?Le r?sultat de nos voyages du printemps me confirmait encore dans cette r?solution : un pack infranchissable et pas de terres vers le nord ! Il me semblait ?vident que l?Alert, dans les meilleures conditions, ne pourrait gu?re conqu?rir sur les latitudes plus recul?es qu?une distance insignifiante?; avec le peu qu?il gagnerait, un tra?neau n?atteindrait jamais le p?le.? Et pourtant, une trentaine d?ann?es plus tard, l?explorateur am?ricain Robert Edwin Peary reprenait la route emprunt?e par Nares et ses hommes et, sur les traces de la British Arctic Expedition, atteignait (pr?tendument) le p?le Nord.
Quel regard porter aujourd?hui sur une aventure aussi complexe?? Le voyage de Nares a longtemps ?t? marqu? par un sentiment d??chec, en raison du scorbut qui frappa les explorateurs et de la faillite d?une exp?dition vers le p?le. Il serait injuste, toutefois, de s?en tenir ? cette impression. Les r?alisations, souvent qualifi?es de partielles, de la British Arctic Expedition sont, ? tout point de vue ? g?ographique, physique et humain ?, remarquables. Elles r?v?lent, au fil des saisons, les contours du d?troit de Nares dont la rive occidentale marque les limites du monde connu. Au-del?, les cartes sont muettes, il faut avancer et ouvrir les yeux pour savoir ? quoi ressemble la Terre. De ce point de vue, Voyage ? la mer polaire rappelle l??pop?e d?Alexandre ou le p?riple d?Ulysse aux confins du fleuve Oc?an. Sous la plume de Nares, ? mesure que les navires progressent vers le nord, le monde prend forme. Le d?troit, au d?part indistinct, appara?t de plus en plus nettement, mais demeure d?un bout ? l?autre du r?cit une fronti?re : fronti?re entre le Groenland et l??le d?Ellesmere, entre l?oc?an Atlantique et l?oc?an Glacial, entre le connu et l?inconnu, le possible et l?impossible, et, finalement, fronti?re entre la vie et la mort.
Lorsque la nuit tombe sur l?Alert, seule une mince cloison de bois s?pare la lumi?re des t?n?bres glaciales. Confin?e dans l?espace minuscule d?un navire, la vie se r?tracte et patiente jusqu?au retour du printemps. Cette situation, comme la d?couverte de la tombe de Charles Francis Hall, sur la rive orientale du d?troit de Nares, donne ?trangement conscience des bornes entre lesquelles la vie est possible. Au-del?, dans cet ext?rieur si vaste de l?Arctique, les explorateurs marchent sur un fil. Le moindre pas, la moindre avanc?e est une mise en p?ril dont t?moigne toute l?histoire de la British Arctic Expedition. »

Établissement du texte par : Fran?ois Lantz
Rédaction des notes par : Fran?ois Lantz
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