Luxuriance sous-marine :

« Outre la découverte de sensations uniques et de paysages hors du commun, l’une des raisons principales qui invitent à la plongée est la rencontre avec les animaux qui peuplent la mer. En visite dans un aquarium, qui n’a jamais rêvé de passer de l’autre côté de la vitre pour nager parmi les poissons ? La plongée rend cela possible, au-delà de tout fantasme, car la promenade se fait dans un aquarium qui n’a pour limites que le rivage, la surface et le fond. Le plongeur s’immisce dans une nature primaire qui, si elle est par endroits abîmée par l’homme, n’a pas été modelée par lui. Il se sent explorateur d’une mare incognita, privilégié de pénétrer un univers que peu connaissent et dont tant reste à découvrir – plus de 80 % des fonds marins seraient à cartographier. Il m’est arrivé à de très rares occasions, aux Philippines ou dans le sud peu touristique des Maldives, que des moniteurs expérimentés nous proposent de tester un site non répertorié sur lequel ils ne s’étaient jamais rendus. J’ai alors eu l’impression d’être une aventurière qui pose le regard sur une nature vierge.
Une nature qui regorge de vie. En effet, c’est sous la mer qu’il est possible d’observer des animaux sauvages dans des quantités inimaginables, ou du moins difficilement atteintes sur terre, tout en les approchant au plus près. Lors d’une randonnée en forêt, tempérée ou tropicale, le marcheur entend des animaux, oiseaux, singes, cervidés, insectes, sans forcément les voir, sinon en étant attentif ou chanceux, ou en déployant des trésors de patience et de ruse. Les animaux sont pourtant présents mais, la plupart du temps, ils restent invisibles. L’équivalent terrestre de la luxuriance animale sous-marine, je ne l’ai trouvé qu’en Afrique, à Etosha dans le nord de la Namibie, où de nombreuses espèces se réunissent autour des points d’eau en troupeaux imposants. Dans la mer, chaque plongée offre une explosion de vie d’une diversité incroyable, pour qui sait regarder. Sur un récif cohabitent des juvéniles et de petits poissons qui se protègent entre les branches des coraux, les feuilles des végétaux ou les anémones – demoiselles, poissons-anges, girelles, poissons-clowns, castagnoles –, mais aussi des plus grands, voire carrément gros, en bancs ou solitaires – poissons-trompettes, lutjans, gaterins, mérous, sars, petits requins de récif. Certains, immobiles sur la roche ou le sable, passent inaperçus – gobies, blennies, carrelets, poissons-crocodiles ; d’autres usent d’un mimétisme qui les fond dans leur environnement – chapons, poissons-grenouilles, poissons-feuilles. Et n’oubliez jamais de regarder dans les trous et sous les pierres à la recherche de murènes, congres ou autres mostelles ! »

Éveil des sens (p. 15-19)
Évoluer sous l’eau (p. 26-28)
Extrait court