« Hors collection »

  • Dersou Ouzala
  • Tamir aux eaux limpides (La)
  • Julien, la communion du berger
  • Lettres aux arbres
  • 100 Vues du Japon (Les)
  • Légende des Pôles (La)
  • 100 Objets du Japon (Les)
  • Chemins de Halage
  • Vivre branchée
  • Solidream
  • Cap-Vert
  • Voyage en Italique
  • Esprit du chemin (L’)
  • Testament des glaces (Le)
  • Un rêve éveillé
  • Pouyak
  • Œuvres autobiographiques
  • Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1701)
Couverture
Pierre, le berger :

« L’orage menaçait. Les brebis ne bougeraient plus, aussi Pierre et Julien prirent-ils le chemin du retour. Rapidement, de plus en plus rapidement, ce qui était rendu possible parce que l’herbe était sèche. Le rideau de pluie approcha et, après les premières gouttes, ce fut un déluge. Alors, afin de ne pas glisser, ils ralentirent l’allure et se réfugièrent chacun sous un parapluie. La pluie martelait la toile avant de glisser dessus et de se jeter dans le vide en grosses gouttes. Julien était ravi, il chantonnait gaiement, car c’était un bonheur que de cheminer sous la pluie, protégé par un pépin. Lorsqu’ils franchirent la porte de leur cabane, Pierre dit joyeusement que : “C’était une fichue averse.”
Pierre dictait ses conseils à Julien :
— Il faut faire attention aux pentes raides de gispet lorsqu’il est mouillé. Si tu partais en glissade, tu ne pourrais pas t’arrêter. Il ne faut pas s’engager dans une descente dont tu ne vois pas l’issue, sauf bien sûr s’il s’agit d’un sentier. Le risque est de sous-estimer la raideur, d’aller trop loin et de dévisser.
Julien savait tout cela instinctivement. Il savait qu’il ne fallait pas courir sous la pluie, au risque de tomber et de se blesser : il valait mieux avoir les vêtements trempés à tordre que d’avoir une épaule luxée. Lorsqu’il avait à escalader quelques blocs, il s’assurait de pouvoir redescendre, car l’escalade est bien plus aisée à la montée qu’à la descente. Conscient du danger, il l’estimait à sa juste valeur. Il savait ne pas prendre de risques, ou du moins prendre des risques modérés et contrôlés. De même qu’il vaut mieux regarder si une voiture arrive avant de traverser une route, Julien savait d’instinct interpréter les signes de danger. Il se sentait chez lui en montagne parce que cette nature était franche, impitoyable, mais d’une grande loyauté.
Certains soirs, lorsqu’il fallait faire sécher les vêtements, ou en fin de saison alors que les nuits devenaient fraîches, ils allumaient un feu dans l’âtre. Julien s’approchait le plus possible des flammes, et il rêvassait, le regard perdu dans les braises. Il se sentait tellement bien dans la cabane, avec son oncle. Toute sa vie, il associera l’odeur du feu à ce bien-être, au confort et au repos. »
(p. 146-147)

Le fauve sauvage (p. 25-26)
La découverte de la montagne (p. 101-103)
Extrait court
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