Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Rêveries humaines :

« D’où vient alors et comment caractériser cet élan vers la broderie qui survole les siècles et les pays ? Sur le “support d’images” qu’est le tissu (l’expression est de l’archéologue François Baratte), l’ornement à l’aiguille vient embellir, donc personnaliser. Tous les motifs sont bons à cela, déclinés à l’infini, inspirés par le monde autour de soi et passés au tamis de l’esprit. On figure la nature dans ses largesses et sa prodigalité : des arbres, des fruits et des légumes (patates douces et haricots au Pérou, grenades dans l’Empire ottoman) ; des fleurs communes, exotiques ou stylisées ; des animaux réels ou imaginaires, parfois représentés dans des scènes de chasse, un des motifs les plus universels selon l’historienne du textile Sheila Paine, observé de l’Espagne à la Sibérie ; le soleil et les astres, enfin. Du côté de la géométrie, les triangles, spirales, croix, étoiles enrichissent les étoffes du monde. Figuratifs ou abstraits, isolés ou répétés dans des compositions savantes ou des dessins plus naïfs, ces ornements sont parfois très proches des tatouages que Marco Polo désignait d’ailleurs comme des “broderies de peau”. On brode enfin des lettres, des monogrammes ou des abécédaires, parfois un prénom, une adresse, des coordonnées, voire des phrases, précieux indices pour démêler le sens à donner à cela. Car la broderie en dit long : on ne brode pas seulement pour passer le temps, pour dessiner ce qu’on trouve beau, ce qu’on aime. Étant accessoire, la broderie devient un supplément qui agit comme un élément de distinction. On brode alors pour dire quelque chose de soi, pour se démarquer de celui qui ne porte aucun ornement ou qui revêt un autre motif, pour afficher une certaine identité, son statut ou sa fonction, politique, religieuse ou militaire, pour éblouir aussi. Cela dit, la broderie, tout comme l’affirmation d’une singularité ou d’une appartenance, n’est pas uniquement une affaire de puissants et de riches. Partout, dans les bourgs et dans les faubourgs, dans les châteaux et dans les campagnes, on brode. En s’attachant à décrire les habits d’un peuple, broderies comprises, les ethnologues parviennent ainsi à dessiner des frontières entre familles, entre villages et entre communautés.
Dans la quête de sens, le symbolique voire le sacré surgissent parfois, qui transforment d’innocentes broderies en de véritables talismans : les lames d’argent disposées en cercle dans les plis des jupes roumaines, les tessons de verre ou de mica fixés au point de feston dans les vêtements et le linge de maison indiens – afin que les miroitements chassent les mauvais esprits terrifiés par leur propre reflet –, les “mains de Fatma” (khamsa) brodées sur divers tissus n’ont pas d’autre but, tout comme l’œil rouge aux fils laissés flottants qu’on trouve au dos des capes noires des bergers berbères du Maroc, ou les ceintures de mille points (senninbari) portées par les aviateurs japonais durant la Seconde Guerre mondiale. Par l’aiguille s’esquisse une sémiologie insoupçonnée et partiellement obscure, véritable tour de Babel qui recueille les préoccupations, les idées et les rêveries humaines. »
(p. 25-27)

À l’atelier Bizet (p. 11-14)
De l’aiguille à la main (p. 29-32)
Extrait court
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