Collection « Visions »

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Couverture
Déserts :

« En Asie centrale, déserts, semi-déserts ou steppes désertiques sont la règle. Les étendues désolées couvrent plus de 80 % du territoire. Autant dire qu’en Touranie, ou Turkestan, pays des Turks, l’aventure est toujours à portée de main. Car le désert, c’est d’abord et surtout l’inconnu, le danger. Pas de milicien ou de garde-frontière pour vous “protéger”. Vous êtes enfin un homme libre : à vos risques et périls. Un faux calcul, un mauvais guide, et c’est le puits que l’on manque, les provisions qui s’amenuisent, l’eau que l’on rationne. Le GPS ôte de nos jours bien des angoisses. Pourtant, même avec lui, une inquiétude sourde demeure. Et si la voiture lâchait ? Et si l’essence venait à manquer ? Et si ?… L’inconnu, c’est encore les mauvaises rencontres : des bergers devenus rapaces à force de privations et que le contenu de votre 4 x 4 fascine ; le camion qui a versé et qu’obligeamment vous venez secourir pour vous apercevoir qu’il est chargé de drogue. Vous laissera-t-on repartir ? Contact rassurant, le soir, du revolver sous la couverture qui vous tient lieu d’oreiller. Le désert, c’est la joie de l’effort en commun, de la difficulté surmontée : le camion qui s’enlise et qu’il faut dégager avec les moyens du bord ; la voiture qui tombe en panne et que le mécano russe répare, après moult réflexion, avec un fil de fer et un morceau de bois ; le vent froid vaillamment supporté, toute une nuit, à l’abri des murailles de Kargachinkala, forteresse du Kyzylkoum.
Le désert centre-asiatique c’est aussi l’absolu, le monde réduit à l’essentiel, à ses éléments les plus simples, un endroit où, près du feu de saxaoul, vous sentez comme une bénédiction descendre des étoiles. Au fond de vous-même, des forces inouïes s’éveillent et vous partez à la rencontre du firmament. Moments privilégiés : la beauté du désert est, dans mon souvenir, celle de cette femme qui, dans le secret des dunes, s’est mise à nu, si naturelle, si authentique, et s’est offerte dans tout son éclat. Levers et couchers de soleil quand tout revient à la vie, quand les oiseaux reprennent leur chant, quand la lumière est fraîche encore et dore tout ce qu’elle touche. Ivresse de conduire une jeep à toute vitesse sur les takir et les solontchak, plans jusqu’à l’horizon, ou d’amorcer une chasse à courre derrière une saïga : vous vous apercevrez que cette antilope peut tenir et dépasser les 60 kilomètres/heure. Le désert, c’est enfin, presque à tout moment, l’occasion d’une méditation sur la vie et la mort. Sous un soleil impitoyable, la vie s’accroche désespérément et gagne en fin de compte. Elle est dans ce saxaoul aux feuilles microscopiques qui résiste à l’évaporation, plonge ses racines jusqu’à 20 mètres dans le sol et parvient à vous offrir un peu d’ombre. Elle est dans le courage de cette frêle gazelle djaïran qui, tremblante mais obstinée, vient jusqu’à vous récupérer le faon que vous avez cru abandonné. Elle est dans cette gerboise délicate et si légère qu’elle laisse à peine une trace de vie sur la dune. »
(p. 46-49)

Aral (p. 6-9)
Montagne (p. 90-91)
Extrait court
Extraits d’articles
La mer d’Aral
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