Libye :

« Mais, où donc cette petite gazelle peut-elle trouver de quoi se nourrir ? Depuis plus d’une heure, je suis sa trace, rectiligne sur la dune, sinuant dans le labyrinthe rocheux afin d’éviter les gros obstacles. Pas un brin d’herbe ici, pas une touffe, même desséchée ; seulement du grès et du sable, qui d’ailleurs est un ancien grès… Ce qui est certain, c’est qu’elle sait où elle va. L’empreinte des fins sabots fendus est nette. Elle est passée ce matin, à la fraîche. L’air est parfaitement calme. Nous montons, nous descendons, nous contournons, nous trottinons, nous marchons à petits pas, mais nous ne flânons guère. Obstinément, nous nous dirigeons vers l’est. D’un coup, alors, depuis le sommet d’une élévation de sable à gros grains, les dunes de l’erg apparaissent là-bas, au-delà du tassili. Mon antilope savait bien que son repas l’attendait plus loin, en contrebas des colonnes de pierre, dans ce qui ressemble à un fond d’oued à moitié gommé par le sable. Pendant cette marche solitaire (j’allais dire solidaire) en compagnie du gracieux animal – de sa seule image mentale –, je repense à la “fraîcheur ancienne” dont parle Théodore Monod, cette fraîcheur, réelle ou symbolique, qui renaît ici chaque jour avec l’aube et qu’ailleurs l’homme moderne a parfois flétrie, car souvent “même dans les lieux vierges, [il] reste comédien d’une société qui se joue la comédie”. »

Algérie (p. 94-95)
Niger (p. 110-113)
Extrait court
Extraits d’articles
La géologie du Sahara
L’adaptation des plantes au désert