Collection « Petite philosophie du voyage »

  • Défis de la course (Les)
  • Écho des bistrots (L’)
  • Quête du naturaliste (La)
  • Instinct de la glisse (L’)
  • Vertiges de la forêt (Les)
  • Voyage en famille (Le)
  • Tao du vélo (Le)
  • Parfum des îles (Le)
  • Appel de la route (L’)
  • Bonheurs de l’aquarelle (Les)
  • Euphorie des cimes (L’)
  • Malices du fil (Les)
  • Ivresse de la marche (L’)
  • Force du silence (La)
  • Secret des pierres (Le)
  • Frénésie du windsurf (La)
  • Prouesses de l’apnée (Les)
  • Vie en cabane (La)
  • Fureur de survivre (La)
  • Art de la trace (L’)
  • Voyage dans l’espace (Le)
  • Ronde des phares (La)
  • Frisson de la moto (Le)
  • Légèreté du parapente (La)
  • Poésie du rail (La)
  • Hymne aux oiseaux (L’)
  • L’Engagement humanitaire
  • Grâce de l’escalade (La)
  • Temps du voyage (Le)
  • Vertu des steppes (La)
  • Facéties du stop (Les)
  • Cantique de l’ours (Le)
  • Esprit du geste (L’)
  • Écriture de l’ailleurs (L’)
  • Rythme de l’âne (Le)
  • Chant des voiles (Le)
  • Liberté du centaure (La)
  • Tour du monde (Le)
  • Fièvre des volcans (La)
  • Extase du plongeur (L’)
  • Tentation du jardin (La)
  • Vie à la campagne (La)
  • Murmure des dunes (Le)
  • Goût de la politesse (Le)
  • Caresse de l’onde (La)
  • Magie des grimoires (La)
  • Audaces du tango (Les)
  • Simplicité du kayak (La)
  • Voyage immobile (Le)
  • Attrait des gouffres (L’)
  • Soif d’images (La)
  • Mémoire de la Terre (La)
  • Enchantement de la rivière (L’)
  • Prodige de l’amitié (Le)
  • Promesse de l’envol (La)
  • Mystères du vin (Les)
  • Religion du jazz (La)
  • Charme des musées (Le)
  • Triomphe du saltimbanque (Le)
  • Sortilèges de l’opéra (Les)
  • Âme de la chanson (L’)
  • Sérénité de l’éveil (La)
  • Arcanes du métro (Les)
Couverture
Exploration orageuse :

« Août 1978, nous sommes trois à remonter les puits du gouffre des Caou Gougues. Située sur le versant espagnol du massif de la Pierre-Saint-Martin, cette cavité est profonde de 430 mètres. Après une série d’abîmes vertigineux, dont un par lequel s’écoule une cascade intense, nous accédons à une courte rivière qui disparaît dans les soubassements d’un laminoir sableux. Délaissé par l’équipe qui en fit la découverte, ce terminus nous intrigue. Peut-on continuer au-delà ? C’est ce que notre exploration veut déterminer. Il apparaît toutefois que l’endroit est trop dangereux pour s’y engager sereinement. Cela nous obligerait à ramper dans l’eau ; et sans chemin parallèle pour contourner l’obstacle, nous ne pourrions nous en retourner. Commence alors la lente remontée. Les équipements installés au cours de la descente sont récupérés un à un. Ils remplissent nos sacs qui deviennent de plus en plus lourds à tracter. Vers 300 mètres de profondeur, tandis que je love une corde à l’écart d’une cascade, des éclaboussures m’atteignent. Je me croyais pourtant au sec. Il se passe quelque chose d’anormal. Scrutant l’obscurité à la lueur de ma lampe frontale, je constate que le débit de la cascade initiale a fortement augmenté. Au même moment me vient d’au-dessus ce cri d’alarme : “La crue !” Sans plus de cérémonie, je me débarrasse du paquet de corde qui m’encombre, j’enfile les bloqueurs et m’élance vers le haut. Quinze mètres ! Je n’ai jamais effectué une remontée aussi rapide. Arrivé au sommet du puits, une vague me submerge. Le flux puissant m’inonde et me repousse. Les prises se dérobent. Je glisse. Heureusement, deux mains agrippent ma combinaison et me tirent de là. Je suis complètement trempé. Plus haut, une autre verticale nous attend. Elle fait 30 mètres et est arrosée en permanence par une chute d’eau. Normalement, on la gravit à l’aide d’une échelle métallique souple. Mais nous savons qu’avec la crue la remontée sera impossible. D’ici là, aucune difficulté supplémentaire ne devrait entraver notre progression. Alors on poursuit, par une série de conduits inclinés, en attendant de se demander comment passer sur place. Tout au long de ce parcours qui se fait ordinairement au sec, un torrent inconnu dévale à nos pieds. Telle une grosse machinerie en train de se mettre en route, le gouffre commence à vrombir de tout son corps. Les vibrations de la roche deviennent palpables. Des filets de brume opaque s’élèvent et remplissent l’espace. Soudain, une fontaine inonde ma figure ; de l’eau gicle d’un trou minuscule, comme si un robinet avait été ouvert derrière la paroi. L’eau dégouline de partout. La situation peut-elle se dégrader, devenir franchement critique ? L’inquiétude nous saisit. À l’aplomb de l’échelle métallique suspendue dans le puits, une colonne d’eau s’abat. Le souffle qui s’en dégage nous plaque au sol. Inutile d’insister. Notre bivouac forcé s’organise dans une niche préservée du fracas. Enroulés dans des couvertures de survie, nous dressons l’inventaire de nos maigres provendes : une boîte de sardines et quelques morceaux de chocolat. Nous engloutissons immédiatement les sardines, savourant jusqu’à la dernière goutte l’huile dans laquelle elles étaient plongées. Le chocolat est réservé à la remontée. Quand ? Nous l’ignorons. Tout dépendra de la durée de l’orage à l’extérieur. Nous éteignons nos lampes et, dans l’obscurité, attendons, blottis les uns contre les autres, grelottant sur la roche froide. Huit heures s’écoulent avant que le grondement de la cataracte s’atténue. Les conditions redeviennent normales. Un peu affaiblis, nous parvenons à nous échapper. Nos copains en surface ont assisté au déluge ; anticipant nos difficultés, ils sont descendus au sommet de la cascade et nous ont appelés, mais nous n’avons rien entendu. Ils voulaient nous lancer un bidon rempli de vivres si la pluie avait persisté. »
(p. 13-16)

Curiosités souterraines (p. 36-39)
Inclassables explorations (p. 79-82)
Extrait court
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