Morses au Spitzberg



Le morse (Odobenus rosmarus) était autrefois répandu sur toutes les côtes nordiques et descendait jusqu’en Écosse ; son aire de répartition se réduit dorénavant à la périphérie des glaces. Son comportement face à une agression humaine a nui à sa survie : plutôt que de fuir, l’animal fait front, et la mort de ses compagnons, loin de le terroriser, l’incite au combat. Cependant les chasseurs, armés de longues piques, avaient la partie facile.
Le morse utilise son museau pour débusquer crabes et coquillages dont il fait grande consommation, et non ses défenses comme on l’a longtemps supposé. Il lui arrive, en cas de disette, de s’attaquer aux phoques. Son intelligence ne paraît pas très vive, sa vue est médiocre, son ouïe est bonne mais ne vaut pas son odorat. Odorat qui même s’il est fin ne peut guère, compte tenu de la forte odeur qui règne sur les colonies, être jugé délicat. Les morses n’ont pas de véritable ennemi, l’ours préférant les éviter. Cependant, en cas de panique au sein d’une colonie, ils se précipitent les uns sur les autres pour regagner la mer, au risque de se briser les os.
Le morse mesure jusqu’à quatre mètres de long pour un poids de plus d’une tonne ; la taille des canines, qui croissent continuellement, approche quatre-vingts centimètres chez les vieux mâles, cinquante centimètres chez les femelles. Celles-ci servent d’arme ou bien permettent à l’animal de se hisser sur la banquise en les plantant dans la glace. À terre, il se déplace en utilisant ses quatre membres, comme l’otarie, et non par une succession de bonds comme le phoque. Dans l’eau, il nage à 25 km/h en utilisant ses antérieurs pour se propulser, également à l’instar des otaries. Le morse est le seul pinnipède à posséder des poches pharyngées qui s’étendent le long de son cou jusqu’à l’omoplate. Lorsqu’il dort dans l’eau, ou s’il est blessé, ces poches se remplissent d’air et font office de flotteurs.

Par Emmanuel Hussenet
Texte extrait du livre : Spitzberg, Visions d’un baladin des glaces
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