L’exploration du Spitzberg
L’histoire du Spitzberg est marquée par celle de l’exploration. Tout commence par sa découverte en 1596, alors que Willem Barents cherche le passage du Nord-Est, suivi par Henri Hudson dont le retour en 1607 est à l’origine des extraordinaires campagnes baleinières qui se déclenchent peu après. Les marins qui les premiers ont exploré les recoins de l’archipel restent pour la plupart anonymes.
L’ingénieur suédois Andrée a une idée fixe : être le premier à atteindre le pôle Nord. Il pense pour cela utiliser un ballon. Profitant d’un vent favorable, il s’envole le 11 juillet 1897 de l’île des Danois dans la baie de Smeerenburg, avec deux compagnons. C’est sur la pointe ouest de Kvitøya – « l’île Blanche » –, au large de la terre du Nord-Est, qu’on retrouvera leur trace, trente-trois ans plus tard. Carnet de bord et plaques photographiques, intacts, permirent de reconstituer leur odyssée dramatique. Amundsen, vainqueur du passage du Nord-Ouest et du pôle Sud, projette à son tour de survoler le pôle Nord, en dirigeable cette fois. L’appareil est baptisé Norge, il est italien et conduit par le colonel Nobile. L’expédition choisit Ny-Ålesund pour lieu d’embarquement, à mille deux cents kilomètres de l’objectif. Le premier survol du Pôle est accompli le 11 mai 1926, c’est un succès. Mais l’Américain Byrd aurait, la veille, réalisé la même performance à bord de son avion, ce que l’histoire démentira.
Deux ans plus tard, Nobile nomme son nouveau dirigeable Italia, et tente de rééditer pour sa patrie mussolinienne un exploit qui lui serait propre. L’engin survole effectivement le Pôle où Nobile jette le drapeau italien et une croix bénie par le pape. Mais au retour, le 25 mai 1928, le brouillard tombe et le givre l’alourdit. Pris dans une tempête, le dirigeable a une avarie au niveau du gouvernail ; l’engin pique de l’arrière. Au moment du choc, une partie de l’équipage est projetée sur la banquise, alors que la nacelle reprend de l’altitude. Les équipiers restés à bord de l’Italia lancent dans la précipitation aux naufragés une tente, un poste de TSF et des vivres, puis disparaissent dans le blizzard. Nul ne les reverra jamais. Les hommes restés sur la banquise, parmi lesquels Nobile, lancent un premier message de détresse. La plus importante opération de sauvetage jamais entreprise est alors engagée. Nobile est récupéré par un avion, tandis que le reste de l’équipage, errant sur la banquise, est sauvé le 11 juillet par le brise-glace soviétique Krassine. Quant à Amundsen, décidé à participer aux recherches, il embarque le 8 juin à bord d’un hydravion prêté par la France. L’appareil ne rentrera pas.
Par Emmanuel Hussenet
Texte extrait du livre : Spitzberg, Visions d’un baladin des glaces
En savoir davantage sur : Emmanuel Hussenet
L’ingénieur suédois Andrée a une idée fixe : être le premier à atteindre le pôle Nord. Il pense pour cela utiliser un ballon. Profitant d’un vent favorable, il s’envole le 11 juillet 1897 de l’île des Danois dans la baie de Smeerenburg, avec deux compagnons. C’est sur la pointe ouest de Kvitøya – « l’île Blanche » –, au large de la terre du Nord-Est, qu’on retrouvera leur trace, trente-trois ans plus tard. Carnet de bord et plaques photographiques, intacts, permirent de reconstituer leur odyssée dramatique. Amundsen, vainqueur du passage du Nord-Ouest et du pôle Sud, projette à son tour de survoler le pôle Nord, en dirigeable cette fois. L’appareil est baptisé Norge, il est italien et conduit par le colonel Nobile. L’expédition choisit Ny-Ålesund pour lieu d’embarquement, à mille deux cents kilomètres de l’objectif. Le premier survol du Pôle est accompli le 11 mai 1926, c’est un succès. Mais l’Américain Byrd aurait, la veille, réalisé la même performance à bord de son avion, ce que l’histoire démentira.
Deux ans plus tard, Nobile nomme son nouveau dirigeable Italia, et tente de rééditer pour sa patrie mussolinienne un exploit qui lui serait propre. L’engin survole effectivement le Pôle où Nobile jette le drapeau italien et une croix bénie par le pape. Mais au retour, le 25 mai 1928, le brouillard tombe et le givre l’alourdit. Pris dans une tempête, le dirigeable a une avarie au niveau du gouvernail ; l’engin pique de l’arrière. Au moment du choc, une partie de l’équipage est projetée sur la banquise, alors que la nacelle reprend de l’altitude. Les équipiers restés à bord de l’Italia lancent dans la précipitation aux naufragés une tente, un poste de TSF et des vivres, puis disparaissent dans le blizzard. Nul ne les reverra jamais. Les hommes restés sur la banquise, parmi lesquels Nobile, lancent un premier message de détresse. La plus importante opération de sauvetage jamais entreprise est alors engagée. Nobile est récupéré par un avion, tandis que le reste de l’équipage, errant sur la banquise, est sauvé le 11 juillet par le brise-glace soviétique Krassine. Quant à Amundsen, décidé à participer aux recherches, il embarque le 8 juin à bord d’un hydravion prêté par la France. L’appareil ne rentrera pas.
Par Emmanuel Hussenet
Texte extrait du livre : Spitzberg, Visions d’un baladin des glaces
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